Il y a quelques semaines, j'avais vu au cinéma "Cheba Louisa", un film français ayant l'Algérie comme décor et sujet principal de son film , et dans ma chronique d'alors, je déplorais le fait que cette oeuvre était hélas plombée par des bons sentiments beaucoup trop envahissants.
En allant voir deux mois après, toujours dans les salles obscures (dans mon cinéma adoré, le célébré Comoedia) , "Né quelque part", une autre comédie française traitant du même pays du Maghreb, je me suis dit pendant la projection que, décidement, il y avait une petite malédiction autour de ces films.
En effet, dans ce film aussi, les bons sentiments parasitent pas mal l'ensemble, même, si au final, le film emporte plus l'adhésion que celui avec Isabelle Carré en tête d'affiche, sauvé par la sincérité de l'ensemble et du cinéaste.
Pour sa première fiction, Mohamed Hamidi, metteur en scène des spectacles de Jamel, a en effet visiblement mis beaucoup de lui pour raconter sa propre histoire et pour rendre hommage à travers ce long-métrage à ses ancêtres et à son pays d'origine.
Cette histoire, c'est celle d'un immigré de la seconde génération, né en France de parents algériens, qui se retrouve contraint un jour de partir en Algérie, à la place de son père malade, afin de sauver la maison familiale menacée d'expropriation par l'Etat algérien. Et une fois là bas, notre héros va prendre conscience de ce qu'est vraiment l'Algérie, et de ce qu'elle représente pour lui.
Le scénario fait donc un peu penser à tous ces téléfilms que la télévision adore tourner sur le cheminement intérieur d'un personnage trop pétri de certitudes, et sur son ouverture progressive aux autres et à ce qu'il portait en lui et l'ignorait.
Et d'ailleurs, ce "Né quelque part" n'échappe malheureusement pas à certains clichés, que ce soit dans l'écriture de certains personnages ( les parents, la belle algérienne, forcément muette et soumise) ou de certaines situations, sans oublier une musique assez attendue et redondante.... C'est surtout la première demi heure qui fait quand même un peu peur, tant tout semble téléphoné et paraît obéir à un scénario écrit un peu de façon automatique.
Le problème du film est certainement son désir d'aborder beaucoup trop de sujets (l'immigration, le déracinement, le désir de voir ailleurs, les difficultés de filiation, le choc des cultures, la crise d'identité, l'amour) et comme cela est matériellement impossible de le faire en 1h27, cela donne l'impression de rester à la surface de son sujet.
Mais, au fur et à mesure de l'histoire, le film gagne en force et en émotion, et la mise en scène de Mohamed Hamidi semble prendre de l'assurance. La dernière partie est nettement plus convaincante (qui coiencide d'ailleurs avec l'absence de Jamel Debbouze de l'écran) , car l’univers, les personnages, le propos et surtout le regard de l’auteur sont mieux posés et cadrés, et l'ensemble touche plus juste qu'au départ.
Malgré ces défauts, le film est touchant en ce qu'il nous fait découvrir une société algérienne différente de l'image qui est véhiculée dans les médias, une société pleine d'espoirs et de désillusions que ce jeune étranger va apprendre à connaitre et à apprécier malgré son ignorance et ses idées reçues de départ.
Si l'interprétation est inégale, on remarque surtout l'irrésistible Fatsah Bouyahmed dans le rôle du réceptionniste, qui donne au film ses scènes les plus drôles, et dans le rôle principal, le jeune inconnu Tewfik Jallab impose une présence assez magnétique.
Alors, si cette Algérie rêvée par le réalisateur, et hélas filmée au Maroc, brasse des tonnes de bons sentiments, l'aspect autobiographique du récit ne peut que, in fine, nous toucher au coeur, à moins d'être totalement hérmétique à ces fameux bons sentiments .