Jusqu'au 28 juillet, Georges est aux trois baudets et tu serais drôlement bien inspiré d'aller y faire un tour.
Parce que d'abord, Georges est trois. Qu'il est à la fois homme(s) et femme.
Georges réinvente les arrangements, les ambiances, pour transfigurer des titres des années 50-60 et leur donner un nouveau souffle. Souvent, c'est l'occasion de redécouvrir des textes et de réaliser que les arrangements sont pour beaucoup dans le sentiment qu'ils inspirent dans leur version originale.
Le concert s'ouvre sur une de mes chansons préférées, initialement interprétée par Jeanne Moreau dans le film de François Truffaut, "Jules et Jim" : "Le tourbillon de la vie" puis les titres mythiques s'enchainent.
Tous parlent d'amour, mise à part "la mauvaise réputation" de Georges Brassens.
La setlist se déroule dans une ambiance feutrée : la scène est dans l'obscurité, seulement éclairée de 3 spots allumés alternativement.
Au centre, on découvre que Georges est trois : un clavier, une batterie (derrière lesquels on trouve respectivement Jérôme Plasseraud et Emmanuel Marée) et une voix, celle de Loane, avec ce grain si particulier qui confère d'emblée à chacun des morceaux un nouveau caractère. Mais ce sont les arrangements qui surprennent. Ici des nappes électro soyeuses débarquent, inattendues, là c'est une mélodie pop légère sur un titre qu'on a coutume d'entendre habillé d'une profonde mélancolie.
Au fil des titres, on cotoie les fantômes de Dalida, Gainsbourg, Bourvil, Barbara, Yves Montand, Brel, Piaf, Léo Ferré mais aussi les ombres bienveillantes de Jeanne Moreau, Patricia Carli ou encore Christophe et Polnareff.
Profitant d'une transition entre deux chansons, Loane explique que ce spectacle a pour objectif de présenter une relecture d'un répertoire de chansons des années 50-60 qui les ont marqués, elle et ses musiciens.
Elle évoque au passage que, parmi les auteurs des morceaux présentés, deux artistes ont traversé sa vie. On apprend ainsi qu'au détour d'une rue de Montmartre, elle a un jour croisé une femme à la longue chevelure rousse, d'une classe foile et que sa grand-mère, qui l'accompagnait, lui a alors expliqué qu'il s'agissait de Dalida. Elle confie avoir tout de suite compris qu'il y avait "quelque chose de magique" avec cette femme...
La seconde à avoir marqué son existence d'une façon particulière est Edith Piaf, qui est l'interprète de la première chanson qu'elle a apprise par coeur.
Tout ça, tu l'auras compris, c'est comme toujours avant tout une affaire de sentiments.
Georges propose un hommage audacieux, qui parait souvent bien vu (je pense à l'accompagnement du refrain du "Dis, quand reviendras-tu?" de Barbara, qui accompagne parfaitement l'intensité dramatique du refrain).
On est parfois dubitatif, rarement ceci dit, car la plupart du temps une fois l'effet de surprise dépassé on s'incline devant le joli travail mais j'avoue une petite déception sur le "A bicyclette" d'Yves Montand où l'on ne retrouve pas la cadence initiale de la mélodie qui fait comme un mouvement de pédalier et qui -à mon sens- faisait toute la force de la version initiale.
Passer la soirée avec Georges c'est la promesse de faire une bien jolie découverte et celle de faire l'expérience d'un voyage à travers le temps qui mixerait les époques pour faire du neuf avec ce que l'on a désormais coutume de considérer comme appartenant au répertoire "classique" de la chanson française.
C'est surtout l'occasion de redécouvrir des chansons qu'on a tendance à oublier et qui se dévoilent souvent sous un jour nouveau. Vers lesquelles on a irrémédiablement envie de retourner.
Tu as jusqu'au 28 juillet pour aller y faire un tour. C'est vraiment un rendez-vous à ne pas manquer, pendant ce bel été parisien!
(Toutes les informations sont ici)
(Tu auras remarqué que je n'ai pas dévoilé la plupart des titres des chansons interprétées : c'est que je crois qu'il est important de se laisser surprendre. Tu verrras...)