Magazine Poésie

le tombeau

Par Vertuchou

Immensité criminelle
vase fêlé de l'immensité
ruine sans limites

immensité qui m'accable molle
je suis mou
l'univers est coupable

la folie ailée ma folie
déchire l'immensité
et l'immensité me déchire

je suis seul
des aveugles liront ces lignes
en d'interminables tunnels

je tombe dans l'immensité
qui tombe en elle-même
elle est plus noire que ma mort

le soleil est noir
la beauté d'un être est le fond des caves un cri
de la nuit définitive

ce qui aime dans la lumière
le frisson dont elle est glacée
est le désir de la nuit

je mens
et l'univers se cloue
à mes mensonges déments

l'immensité
et moi
dénonçons les mensonges l'un de l'autre

la vérité meurt
et je crie
que la vérité ment

ma tête sucrée
qu'épuise la fièvre
est le suicide de la vérité

Le non-amour est la vérité
et tout ment dans l'absence d'amour
rien n'existe qui ne mente

comparé au non-amour
l'amour est lâche
et n'aime pas

l'amour est parodie du non-amour
la vérité parodie du mensonge
l'univers un suicide gai

dans le non-amour
l'immensité tombe en elle-même
ne sachant que faire

tout est pour d'autres en paix
les mondes tournent majestueux
dans leur monotonie calme

l'univers est en moi comme en lui-même
plus rien ne m'en sépare
je me heurte en moi-même à lui

dans le calme infini
où les lois l'enchainent
il glisse à l'impossible immensément

horreur
d'un monde tournant en rond
l'objet du désir est plus loin

la gloire de l'homme est
si grande qu'elle soit
d'en vouloir une autre

je suis
le monde est avec moi
poussé hors du possible

je ne suis que le rire
et la nuit puérile
où tombe l'immensité

je suis le mort
l'aveugle
l'ombre sans air

comme les fleuves dans la mer
en moi le bruit et la lumière
se perdent sans finir

je suis le père
et le tombeau
du ciel

l'excès de ténèbres
est l'éclat de l'étoile
le froid de la tombe est un dé

la mort joua le dé
et le fond des cieux jubile
de la nuit qui tombe en moi


Georges Bataille


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