France/Monde | Olivier Ameisen, figure de la lutte contre l’alcoolisme, est mort
Publié le 20 juillet 2013 par MouzeFrance/Monde | Olivier Ameisen, figure de la lutte contre l’alcoolisme, est mort:
Décès. Olivier Ameisen, figure de la lutte contre l’alcoolisme, est mort
Le cardiologue Olivier Ameisen, grand défenseur de l’usage du baclofène, le médicament qui l’a guéri de l’alcoolisme, est mort jeudi d’une crise cardiaque à son domicile parisien à l’âge de 60 ans.
«Il est mort pendant son sommeil, c’est d’autant plus triste que depuis un ou deux mois, les choses commençaient à bouger dans le bon sens» pour la reconnaissance du baclofène comme traitement contre l’alcoolisme, a indiqué son frère Jean-Claude Ameisen, président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE).
Olivier Ameisen avait publié en 2008 «Le dernier verre», un livre à succès vendu à 40.000 exemplaires dans lequel il témoignait de sa guérison.
Brillant cardiologue et pianiste de talent, Olivier Ameisen mène dans les années 80 à New York une vie sociale intense accompagnée de trop nombreux verres. De «buveur occasionnel», il devient malade de l’alcool.
Mais ni les Alcooliques anonymes, ni les cures de sevrage, ni les différents médicaments qu’on lui prescrit, ni les séances de psychothérapie n’ont d’effet durable. «L’alcool me détruisait, mais rien ne me faisait aller mieux que l’alcool», écrit-il.
Petite révolution dans le traitement de l'alcoolisme
Le Dr Ameisen finit par tomber sur un article dans une revue scientifique sur un médicament prescrit pour des crampes et autres spasmes musculaires, le baclofène, qui aurait un effet spectaculaire sur des rats cocaïnomanes.
Il se lance en 2004 dans une expérimentation de cette molécule, en s’auto-administrant des doses élevées de baclofène au point de devenir «indifférent» à l’alcool.
Cette notion a représenté une petite révolution dans le traitement de l’alcoolisme, bousculant le dogme de l’abstinence qui veut qu’un ancien alcoolique ne doit pas boire une seule goutte au risque de retomber dans l’addiction.
Dès 2004, il tente sans succès d’alerter la communauté scientifique en publiant son «self case report», afin que soit effectués des essais sur le baclofène.
Son combat pour la reconnaissance de la molécule dans le traitement de l’alcoolisme se heurte aux réticences d’une partie de la communauté scientifique.
Mais «Le dernier verre» popularise le «baclo» auprès du grand public et fait s’envoler les ventes en pharmacie, tout comme les témoignages en sa faveur.
Entre 2007 et 2012, le nombre de boîtes remboursées est ainsi passé de 1,2 million à plus de 3 millions, selon des chiffres fournis par la Sécurité Sociale.
Sa croisade a fini par porter ses fruits. En juin dernier, le patron de l’agence du médicament ANSM, Dominique Maraninchi, a annoncé que le baclofène allait bénéficier d’une première reconnaissance officielle en France, avec une autorisation de prescription «temporaire» pour soigner la dépendance à l’alcool.
Déjà en 2012, l’ANSM avait assoupli le régime du baclofène - commercialisé à l’origine sous le nom de Liorésal et aujourd’hui largement produit en générique - admettant qu’il puisse être prescrit pour traiter l’alcoolisme mais seulement «au cas par cas».
Ce médicament est aussi l’objet de deux essais cliniques distincts pour vérifier son efficacité, l’essai Bacloville, lancé en avril 2012 et l’étude Alpadir, initiée en octobre et dont le but est d’obtenir une AMM pour le traitement de l’alcoolisme
Né le 25 juin 1953 à Boulogne-Billancourt, Olivier Ameisen avait inauguré en 1980 le poste de médecin à Matignon avant d’entamer une carrière de cardiologue aux Etats-Unis. Il avait reçu la Légion d’honneur en 1998.
AFP
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