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1- La 1ère fois que j'ai achetée une série remonte à une époque où nous n'avions pas encore de lecteur DVD à la maison : les saisons s'achetaient donc en... K7 VHS. Je vous laisse imaginer la place que prenait la chose sur une étagère. Ce premier achat était la saison 1 de The Sopranos... une VHS... en VOST.
2- Mon 1er DVD de série fut la 1ère partie de la saison 1 de The West Wing (A la Maison Blanche).
3- La série dont j'ai enchaîné le plus d'épisodes en une journée (du "binge-watching" dirait-on de nos jours) fut la saison 3 de Babylon 5 : je me souviens avoir passé une journée dès le matin que j'avais volontairement prise complètement off.
4- J'ai ouvert mon 1er blog en 2006.
5- Le 1er article que j'ai rédigé sur une série était une brève présentant les Experts. C'est très anecdotique, sauf pour le magazine de publication... Génération Séries. C'est le seul article que j'ai jamais rédigé pour ce magazine qui a façonné les fondations de ma passion sériephile, mais c'est peu dire que je garde ce numéro précieusement (enfin, encore plus précieusement que le reste de ma collection) !
1. Y a-t-il une différence flagrante entre vos débuts sur votre blog et aujourd’hui (dans votre manière d’écrire et/ou d’appréhender des dramas, par exemple) ?
Les différences sont notables. Initialement, ce blog était conçu pour partager quelques billets au fil de mes visionnages, oscillant entre nostalgie et nouveauté. Mais je suis cependant retombée très rapidement sur un schéma plus classique, et surtout, en presque quatre ans, les choses ont évolué, sur la forme comme sur le fond. Sans doute parce que je me suis plus investie que prévue dans My Télé is rich!.
Sur la forme, il y a deux points sur lesquels je suis, pourrait-on dire, maniaque. Appelez ça une déformation professionnelle (comme ma manie de mettre en italique les mots étrangers), car pour moi, la forme est aussi importante que le fond : qu'importe la pertinence éventuelle de l'idée que vous voulez développer, si le véhicule qu'elle emprunte n'est pas soigné. Ainsi, en quelques mois, s'est imposée une struture figée des billets, invariablement composés comme suit : introduction/résumé/critique sur le fond/la forme/acteurs/bilan. C'est un canevas clair et fixe qui permet d'assurer la lisibilité des articles. Je n'aime pas les notes "brouillons", où les idées sont simplement jetées sur le papier au fur et à mesure qu'elles viennent. Cela peut donner une allure quelque peu répétitive pour les lecteurs réguliers du blog, mais cela me semble une nécessité de l'exercice. Par ailleurs, l'autre point qui retient le plus mon attention est le style écrit. Si certains s'écoutent parler, j'ai malheureusement tendance à "m'écouter écrire". Je me laisse facilement embarquer par ma plume, ce qui donne un résultat vite indigeste : phrases de dix lignes, multiples négations qui complexifient d'autant de simples affirmations, multiplications des adverbes... J'ai conscience de ces défauts, et une partie de ma relecture consiste généralement à simplifier et à couper le premier jet. Toujours est-il que la fluidité du style est pour moi déterminante - quitte à passer un temps disproportionné sur certains billet... -, même si je laisse encore passer trop de coquilles et de fautes d'orthographes.
Sur le fond, les évolutions sont aussi importantes, car c'est l'expérience qui joue ici. Plus on regarde de séries, plus on est familier avec l'histoire d'une télévision, le fonctionnement de son industrie, la culture de son pays, plus le regard s'affine et plus ce qu'on pourra écrire pourra être pertinent. Sur les 4 ans d'existence du blog, cela ne se ressent pas vraiment pour ce qui est des fictions américaines ou anglaises, avec lesquelles mon histoire est déjà très ancienne. Pour les séries asiatiques, l'évolution est en revanche flagrante. J'ai regardé ma première série asiatique -japonaise- en 2006-2007, mais j'ai mis longtemps à aller au-delà du seul visionnage passif de divertissement. C'est la tenue de ce blog qui a véritablement fait office de déclic, vers la Corée du Sud tout d'abord, puis vers le Japon. Rédiger une review, même des premiers épisodes, oblige à regarder une fiction d'une autre manière : il s'agit de faire preuve d'esprit critique, mais aussi d'analyse. Cela conduit à chercher à en savoir plus sur les origines de la production. On retient les noms des scénaristes, des réalisateurs, au-delà des seuls acteurs ou des chaînes qui apparaissent à l'écran. On acquiert peu à peu une vision d'ensemble. Je suis encore bien loin de maîtriser tous ces facteurs, mais mon avis s'est désormais débarrassé de bien des préconceptions. Au point que certaines critiques des débuts me paraissent avec le recul à côté de la plaque. C'est ça aussi gagner en expérience.
Ce qui est vrai pour l'Asie l'est aussi, dans une moindre mesure car le choc culturel était plus relatif, pour d'autres paysages audiovisuels, européens par exemple. C'est grâce à ce blog que j'ai construit mon approche mondialisée des séries, et que j'ai dépassé certains de mes préjugés tenaces sur tel ou tel petit écran du globe. De manière générale, pénétrer dans un nouveau pays, c'est souvent commencer par une lune de miel, où toutes les fictions ont une saveur particulière grâce au dépaysement proposé. Puis, à mesure que l'on se familiarise avec ce petit écran, on bâtit progressivement une grille de lecture adaptée. Les articles deviennent alors mieux dosés et plus équilibrés. En résumé, plus on regarde, plus on écrit... mieux on regarde, mieux on écrit !
2. Écrivez-vous sous votre nom réel ou derrière un pseudo? Si c’est un pseudo, d’où vient-il?
J'écris sous pseudonyme, principalement pour ne pas risquer de voir mêler vie professionnelle et cette passion qui reste un hobbie. "Livia" est un choix décalé, volontairement à rebours. C'est d'abord une forme de plaisanterie, mais c'est aussi un clin d'oeil volontaire à une série qui fait partie des fondatrices de ma passion. "Livia" fait en effet référence au personnage de Livia Soprano, la matriarche acariâtre de la famille mafieuse, dans The Sopranos. Quant au nom de famille (Segret) sous lequel je signe certains de mes articles quand le seul prénom ne suffit pas, c'est plus simplement, et plus proche de moi, le nom de jeune fille de ma mère.
3. En quel personnage de drama aimeriez-vous vous cosplayer/déguiser s’il existait une convention sur les dramas de la même échelle que Japan Expo ?
N'y allons pas par quatre chemins : le cosplay n'est pas vraiment ma tasse de thé ! J'ai toujours été réfractaire à l'idée de me déguiser, y compris quand, à l'école primaire, sur l'insistance des institutrices, il convenait de fêter Mardi Gras. Vingt ans plus tard, il est encore moins probable que je prenne moi-même l'initiative. A la limite, le seul cosplay que je pourrais envisager, ce serait de revêtir un de ces beaux costumes colorés traditionnels portés dans les sageuks.
4. Selon vous, qu’est-ce qui fait qu’un drama/une série est bon(ne) ou mauvais(e)?
C'est une question très complexe, et surtout très variable.
Ensuite, l'expérience aidant mes grilles de lecture et d'analyse d'une fiction se sont affinées. J'évalue désormais une série en fonction de différents critères, dont l'importance varie suivant la nationalité de cette dernière. J'applique une sorte de barême au cours duquel je prends en compte : la rigueur et la fluidité du scénario, l'ambition et/ou l'originalité du concept, le soin formel (réalisation, ambiance musicale) et les performances du casting. Chaque point est plus ou moins évoqué et développé, en fonction des oeuvres, dans mes reviews.
5. Comment jugez-vous la manière dont est abordée la pop-culture Sud-Coréenne (ou Japonaise, au choix) dans les médias Français ?
Ces dernières années (avant même le phénomène Psy), en France, la pop-culture sud-coréenne a connu une exposition sans précédent, par l'intermédiaire de la k-pop. En parcourant les articles ou quelques extraits d'émissions, j'ai eu l'impression qu'il y avait principalement deux angles d'attaque pour traiter du sujet. Dans un premier type de médias, on analyse le phénomène pour expliquer son exploitation pratique comme un soft-power, avec une approche économique/diplomatique. Dans un second type de médias, on s'intéresse à l'industrie, au marketing et au public (ou devrais-je dire, aux fan(atiques) plutôt), avec plus ou moins de condescendance suivant la nature du reportage (certaines émissions ont été sous le feu des critiques du fait de leur course aux raccourcis et préjugés, mais vu leur qualité générale en dehors de ce sujet, il n'y avait rien à attendre d'autre... donc je ne pense pas qu'il faille se formaliser outre mesure). Toujours est-il que le point commun de toutes ces approches est de ne jamais avoir cherché à prendre en compte l'éventuel attrait musical de ladite musique, sans doute parce que cela nécessite en amont un minimum de connaissances et de curiosité de cette scène particulière. C'est là où le bât blesse : on reste dans un "phénomène exotique/folklorique" qui prête plus à sourire qu'autre chose. Conséquence supplémentaire, la prise en compte des productions musicales au-delà de cette seule façade apparaît également inconcevable par un public non averti (aller jusqu'à la k-indie, ou partir du côté du Japon, ou de Taiwan). Par conséquent, le traitement de la musique asiatique dans les grands médias Français ne me semble pas encourager une ouverture qui a pourtant lieu, presque malgré eux, tout simplement parce qu'internet a aboli les frontières et permet aux plus curieux de se faire leurs propres opinions, et aller au-delà des généralités paresseuses.
Côté dramas, il y a eu des progrès encourageants. En ce qui concerne les k-dramas, l'institutionnalisation d'une offre légale - Dramapassion (quel que soit les critiques qui peuvent être formuler contre le service) - est un premier pas, tout comme la commercialisation de coffrets DVD. Pour ce qui est des j-dramas, 2013 a été un année intéressante. Ici le phénomène s'opère différemment, avec une ouverture vers un autre public : en effet, ce sont les ponts avec le cinéma qui sont utilisés. Fin avril, le drama Going Home a été projeté au Festival Séries Mania. Il a bénéficié dans la presse culturelle généraliste d'un bon accueil, à l'image de cette critique publiée dans Les Inrocks (signée d'un journaliste spécialiste des séries - occidentales). C'est moi qui ai présenté la série au public lors de la projection, et je suis ensuite restée pour les deux heures (je tenais à le savourer un peu sur grand écran !). La série a été globalement bien reçue parmi les spectateurs : beaucoup de rires ont accompagné la séance, et ceux à qui j'ai parlé après avaient plutôt apprécié (j'ai passé les jours suivants à expliquer comment voir la suite aux plus curieux). Puis, le mois dernier, le drama Shokuzai a bénéficié d'une sortie au cinéma, sous la forme de deux films à la place des 5 épisodes originaux. Les Festivals, le cinéma... Ce sont autant de premiers pas ! Après, ne me faîtes pas dire ce que je n'ai pas dit : si ces fictions n'étaient pas signées Hirokazu Koreeda et Kiyoshi Kurosawa, deux cinéastes japonais à la réputation établie en France, elles ne nous seraient jamais parvenues. Seulement, cela montre l'existence d'un autre vecteur d'ouverture intéressant. Il ne s'agit plus seulement de s'appuyer sur un public de niche pré-conquis, mais d'essayer de faire emprunter à ces fictions les mêmes voies d'internationalisation qu'ont déjà connu d'autres productions culturelles acceptées (cinéma, littérature). Et c'est peut-être par ce biais que l'ouverture peut-être la plus durable.