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La matrice: Asphodèle
Mon texte ci-dessous. Les mots imposés étaient : liberté, sens, découverte, régime, déraison, pantois, hasardeux, obligation, privé, barrière, demeurer, tabou, aventure, inceste (facultatif), rouge et honte, hallucinant, hangar.
« -Fais tourner le yaourt ! Dis
maman. »
Je
lampe en loucedé une ultime cuillerée avant de passer le laitage à ma frangine
qui le passera à maman en espérant un second tour.
Depuis
le départ du daron avec la télé et les meubles on est 3 sur un yaourt. Avantage :
on n’est jamais privé de dessert
quand la grosse du dessus dépense des fortunes en régime minceur et les yaya ne passent pas par le frigo devenu inutile depuis qu’EDF nous a coupé le jus.
Alors
quand Momo et Lucien sont venus me chercher pour faire un tour en bagnole, j’avoue,
j’ai fui !
Bon,
Momo, il a pas de bagnole ! Pourtant je suis au volant de sa béhème sans
chercher des raisons!
Dans
la cité Momo l’hasardeux, il est du
genre à sauter la barrière derrière
le hangar du mécano à la découverte des joies automobiles.
« -tiens,
range la caisse j’vais faire un retrait ! »
Sa
carte bleue doit avoir la même origine que sa bagnole, et il doit être en rouge à la banque. Nez en moins et par
manque de flair je me suis garé devant le CréMu avec beaucoup de déraison et pas mal de folies si je
comptabilise les désordres de cette
histoire.
« -laisse
tourner le moteur, on en a pour une
minute ! »
Là,
j’ai senti l’aventure foireuse et une
question supplémentaire s’empilât à la
porte fermée de mon intelligence quand j’aperçus les fils du contacteur de la
bagnole pendouillant sous la colonne de direction tandis que Momo et Lucien
enfilaient une cagoule puis entraient dans la banque.
Désemparé, pantois devant ce spectacle hallucinant malgré l’alarme qui gueulait
je décidais de demeurer devant l’agence
fermement décidé à obtenir une conversation sans tabou avec mes potes.
Je me
suis fait serrer par le commissaire Moulin rentrant du resto avec Julie Lescaut
dans la voiture pièce à conviction.
Pendant
ce temps, derrière la banque, Momo et Lucien se faisaient la malle sur une
mobylette par la sortie des artistes, l’entrée du personnel demeurée ouverte
durant leur fric-frac.
Un
sentiment de honte m’envahis quand je
compris que j’étais juste une diversion dans le plan de Momo et Lucien.
Malgré
la session baffe dans le commissariat j’ai pas lâché le nom de mes « complices »
j’ai plutôt insisté sur ma version : j’attendais devant la banque deux
inconnus dans une voiture qui ne m’appartenais pas. Préférant passer pour un
demeuré que pour une balance.
Chais
pas pourquoi : les baffes me rappelaient papa, comme quoi dans la mnésie
un truc en plomb se transmute, par l’alchimie du souvenir, en or de la période
heureuse où l’on bouffaient bien à la maison.
Surtout
et sans doute n’avais-je plus envie de partager mon yaourt et marre de n’avoir
qu’un bénard du secours catholique pour « faire » l’année scolaire.
Et puis
c’est quoi la liberté ? Une cage plus ou moins grande ?
Mon
mutisme avait du sens. J’ai pris sept
ans !
J’allais faire mes universités chez les durs
en payant le ticket d’entrée des malfrats, avec à la sortie le prix décerné
grâce à l’obligation de l’omerta. C’est
sûr : Bac + 7 en poche, j’allais trouver du boulot comme chauffeur, me
manquait plus que le permis de conduire.
En "zonzon ",
c’est sûr, on bouffe plus qu’à la maison !
Ce
qui m’a le plus gêné, c’est la sodomie de bienvenu.