Nouvel article sur le baîllement, publié sur Maxisciences, par Camille Carlier, le 27 juin 2013
"Comme chez les primates, le bâillement serait pour les chiens un procédé communicatif plus que l’expression d’une fatigue exagérée, comme on pourrait le croire. En effet, bon nombre de canidés bâilleraient afin d’expulser le stress ou en signe d’apaisement vis-à-vis de leur maître. A tous les maîtres de chiens qui ont parfois eu la sensation que leur cher animal se moquait d’eux en bâillant, lorsque celui-ci se faisaient gronder, sachez qu’il n’en est rien. En effet, le bâillement serait chez le chien un moyen de pacification et d’exutoire pour le stress. Une récente étude d’Alicia Phillips Buttner (psychologue à l’université du Nebraska aux Etats-Unis), publiée dans Animal Cognition s’est proposé d’étudier le phénomène.
Question : les chiens bâillent-ils par mimétisme par rapport à leur maître ou d’autres interprétations entrent-elles en ligne de compte ? "Nous avons cherché à savoir si certains chiens perçoivent simplement mieux les signaux sociaux émis par les humains ou s’ils diffèrent sur le plan physiologique, par un niveau de stress plus important, qui les rend plus susceptibles d’attraper nos bâillements" explique t-elle.Pour y répondre, l’étude a porté sur une soixantaine de chiens issus d’un refuge et âgés de six mois à six ans.
Des chiens peu empathiques
Ces canidés étaient déjà sujets aux bâillements de manière plus que régulière. Au cours de l’expérience, un homme a baillé de nombreuses fois devant eux, naturellement et de manière factice (mimant la contraction des muscles et se contentant d’ouvrir la bouche). Les chercheurs ont alors observé la réaction des chiens. Parallèlement, les animaux ont également fait l’objet de prélèvement de salive afin d’étudier le taux de cortisol une hormone indice du stress.
Les chercheurs ont alors constaté que seuls 12 chiens sur les 60 se sont mis à bâiller lorsque l’homme bâillait vraiment et non lorsqu’il faisait semblant. Et la majorité des chiens ont bâillé indifféremment dans les deux situations. Ceci indique que les chiens ne seraient pas plus sensibles aux signaux sociaux.En revanche, les chercheurs ont constaté que, systématiquement le taux de cortisol s’est trouvé élevé pour les "vrais" bâillements des chiens.
Un phénomène à la signification variée
D’après les chercheurs, ce résultat contredit la thèse de l’empathie dans le bâillement, commune aux humains. En effet, il est connu que chez l’homme, le bâillement "contagieux" est le résultat d’une attitude empathique. Ce phénomène résulte d’une contraction des muscles du visage ainsi que du diaphragme et entraîne une inhalation d’air. Il est commun à tous les vertébrés et les mammifères (sauf la girafe). Il est utile dans la stimulation de la vigilance et augmente la clairance (substance) dans le liquide céphalo-rachidien.
Mais il est aujourd’hui avéré que les individus bâilleront davantage en observant un parent ou un ami bâiller, puis par la suite un étranger. Chez les singes, le bâillement est le résultat d’un procédé de communication par lequel ceux-ci essaient de se faire comprendre. C’est ici que le chien les rejoint. Le bâillement chez le canidé ne serait pas le fait d’une synchronisation avec notre comportement mais davantage d’une manière d’expulser le stress, comme pour réguler une situation dérangeante. Il tenterait ainsi de faire retomber la pression, le regard direct d’un maître étant source de stress chez l’animal. Il apparaît alors que le bâillement soit pour lui la pacification d’une situation, un moyen d’éviter le conflit, envoyant de ce fait des signaux corporels d’apaisement.
En savoir plus: http://www.maxisciences.com/chien/pour-le-chien-bailler-c-039-est-expulser-le-stress_art29974.html
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