L'autre jour, un samedi où l'empruntomètre était à son maximum, j'ai donc jeté mon dévolu sur Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage de L.C. Tyler. Un roman présenté comme un petit bijou d'humour anglais sur fond de polar. Le livre est effectivement plutôt drôle au début mais... seulement au début. L'ennui pointe vite le bout de son nez et l'humour n'est pas aussi ravageur que le laissait entendre la quatrième de couverture et les rabats, lesquels revêtent de plus en plus les fards du marketing. Il y a bien quelques petites saillies assez croustillantes dans le livre, des clins d'yeux relatifs à l'écriture du polar, une mise en abyme de circonstance, mais voilà, ça ne casse finalement pas trois pattes à un canard. Je suis pourtant assez friand d'humour britannique en général, mais apparemment pas à celui de L.C. Tyler qui, pour info, frappera à nouveau dès septembre avec les mêmes personnages dans Homicides multiples dans un hôtel miteux des bords de Loire. Je ne pense pas tendre l'autre joue.
Il y a d'autres fois où l'empruntomètre auquel je faisais allusion n'a pas le temps de se manifester. Vous rentrez de congès ou de week-end. Frais. Dispo. Et là,vous avez la surprise, teintée de joie et d'appréhension de découvrir la pile de bouquins que vous aviez réservés dans une fièvre n'ayant pu être assouvie, tout ça parce que quelqu'un s'est mis en tête de lire avant vous les titres que vous recherchiez. Si ce n'est pas la pile de livres réservés, c'est un ouvrage laissé par votre collègue avec écrit sur le post-it posé dessus : « Il faut que tu le lises ! ». C'était vraiment bien vu la dernière fois avec L'art du jeu de Chad Harbach, ça l'a été tout autant avec Une dernière chose avant departir de Jonathan Tropper. Bon, elle n'a pas pris de grands risques la collègue, nous affectionnons tous deux cet auteur. A vrai dire, lui non plus n'a pas pris de grands risques. Tropper connaît toutes les ficelles de la comédie et il n'hésite pas à les utiliser. Mais à si bien les utiliser que le livre se lit avec une avidité certaine : des personnages hauts en couleur, des dialogues qui font mouche et suscitent le rire, des situations cocasses. Pas étonnant tout compte fait que le nom de Jonathan Tropper apparaisse au générique d'une série, Banshee, même si en l'occurrence le ton est un peu plus grave. Personnellement, j'ai trouvé Une dernière chose avant de partir un peu en deçà de C'est ici que l'on se quitte (lui-même bientôt adapté au cinéma) mais il serait tout de même dommage de bouder son plaisir...un plaisir idéal pour la période estivale, qu'on se le dise.
Voilà, voilà, voilà, c'est fini pour aujourd'hui. Il y a de fortes chances que je revienne bientôt vous causer de L'Arbre à bouteilles de Joe.R. Lansdale et de En attendantla vague de Gianrico Carofiglio. Du lourd, du très lourd. Du très très très très très lourd. Dernièrement on m'a conseillé d'adopter l'attitude « less is more ». C'est pas toujours facile. Mais bon, on n'a pas idée non plus d'écrire de tels chefs-d'oeuvre !
Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage, de L.C. Tyler, traduit de l'anglais par Julie Sibony, Sonatine, 2012, 231 p.
Une dernière chose avant de partir, de Jonathan Tropper, traduit de l'américain par Christine Barbaste, Fleuve noir, 2013, 336 p.
Orphans, tome 1, Double disparition, de Claire Gratias, Rageot, 2013, 288 p.
Miséricorde, de Juri Adler Olsen, traduit du danois par Monique Christiansen, lu par Eric Herson-Macarel, Audiolib, 2 CD MP3, 14 h 34 et aux éditions Albin Michel, 496 p.