Alors qu’un bilan des U.S. Centers for Disease Control and Prevention faisait état, le mois dernier, de l’efficacité du vaccin anti-HPV (Papillomavirus humain) contre le cancer du col, via une forte réduction de 56% des taux d’infection au HPV, chez les jeunes américaines, l’efficacité collatérale du vaccin contre les cancers de la gorge, vient renforcer la motivation pour une vaccination encore trop timide. Cette conclusion de l’étude du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) publiée dans la revue PLOS One, vient ajouter aux « protections » apportées par ce vaccin encore décrié, contre les cancers du col, oropharyngés, et, pour les garçons contre le cancer anal et aussi certains cancers « orl ».
Quelques rappels : En France, la couverture vaccinale reste encore très insuffisante (<30%) et le Haut Conseil de la santé publique a récemment avancé à 11 ans, l’âge possible de la vaccination contre les infections à papillomavirus humains des jeunes filles. Aux Etats-Unis, depuis février 2012, tous les garçons âgés de 11 ou 12 ans ont la recommandation de se faire vacciner contre le HPV (Papillomavirus humain) par série de 3 doses et dès l’âge de 9 ans. Alors que le vaccin anti-HPV est disponible et recommandé pour les filles et les jeunes femmes depuis 2006 pour prévenir le cancer du col de l’utérus, les verrues génitales, depuis d’autres cancers, tels que le cancer anal ou certains cancers ORL, de la tête et du cou ont été associés au HPV.
Les cancers oropharyngés sont en augmentation. Or les HPV 16 et 18, inclus dans les 2 vaccins anti-HPV, Gardasil et Cervarix, sont responsables de 90% des cancers de la gorge associés au VPH et de 70% des cancers oropharyngés tous types confondus. Ces cancers oropharyngés, liés aux pratiques sexuelles orales, ont heureusement un meilleur pronostic lorsqu’ils sont liés au HPV.
Ici, les chercheurs ont évalué l’efficacité d’un des 2 vaccins anti-HPV (fourni par GSK : Cervarix®),
4 ans après la vaccination, contre les infections orales au HPV, auprès de 7.466 femmes, âgées de 18 à 25 ans randomisées pour recevoir soit le vaccin anti-HPV, soit un vaccin contre l’hépatite A (comme témoin). A l’issue des 4 ans, 5.840 participantes ont fourni des prélèvements oraux.
· Globalement, la prévalence de l’infection orale à HPV est faible (1,7%), et les chercheurs identifient :
· 15 infections à HPV16/18 dans le groupe témoin
· et 1 seule dans le groupe vacciné.
· L’efficacité estimée une infection cervicale à HPV16/18 pour la même cohorte s’élève à 72,0%.
La prévalence du HPV est donc beaucoup plus faible dans le groupe vacciné vs groupe témoin, ce qui ce qui suggère que le vaccin apporte aussi une protection élevée contre l’infection orale à HPV16/18. Ce résultat, qui confirme la conclusion d’une récente étude publiée dans Clinical Cancer Research (2), est majeur pour la prévention du cancer de l’oropharynx de plus en plus fréquemment associé au HPV.
Rappelons enfin cette étude présentée à l’ASCO 2013, la première à évaluer le risque d’infection au papillomavirus (HPV) chez les partenaires de personnes atteintes d’un cancer de la gorge HPV-positif et son résultat plutôt rassurant, soit un risque faible pour le partenaire, sensiblement comparable au risque en population générale.
Sources:
PLoS ONE July 17, 2013 doi:10.1371/journal.pone.0068329Reduced Prevalence of Oral Human Papillomavirus (HPV) 4 Years after Bivalent HPV Vaccination in a Randomized Clinical Trial in Costa Rica (Visuel CDC)
(2) Clinical Cancer Research March 26, 2013; doi:10.1158/1078-0432.CCR-12-3003 Improved Survival with HPV among African Americans with Oropharyngeal Cancer
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