Bruce Jones, C. Schenck, Thomas yeates, Arthur Suydam
Date : 1996
C'est la revue Epic je crois qui m'a fait découvrir a l'aube des annees 80 l'artiste americain Arthur Suydam.
Glenat a édité ensuite deux albums dont "les monstres de la Boue", superbes ouvrages maintenant assez rares où le récit loufoque rappelant la poésie d'un Jeff Jones était accompagné des superbes dessins de l'auteur.
Puis... mis a part dans Special USA a l'occasion, plus rien en France.
C'est donc avec interêt que j'ai abordé cette série du héros créé par Edgar Rice Burroughs, scénarisé quelque dix ans plus tard par le non moins talentueux Bruce Jones, lui aussi habitué des pages de Special Usa et d'Épic.
L'histoire commence en Afrique, dans la propriété de Lord Greystoke. L'aurore pointe et Jane qui s'eveille a peine entend un bruit. Pensant qu'il s'agit de Tarzan revenant de la chasse, elle ouvre la porte et... est attaquée et mortellement blessée par un des gorilles amis de la famille, Tarzan tue l'animal, qui entre-temps a montré une étrange infection : des racines vivantes sont sorties de sa bouche, comme ayant pris possession de son corps, ce qui expliquerait son attitude.
Kita, une princesse hebergée par Tarzan et Jane décrit ce phénomène comme étant la Tara, une plante vivante qui apporte la mort.
Légende : Une plante vivante plutôt envahissante, dont se souviendront entre autre Len Wein et Scott Snyder pour leurs Swamp thing ? Une certaine similitude étonnante en tous cas entre les deux séries. Mais Bruce Jones est aussi passé par là...
Au même moment, Paul d'Arnot, ami de Tarzan devant les rejoindre, en difficulté avec son avion, et ayant pris à son bord une jeune passagère : le professeur Shara Eaton, arrive au dessus d'eux. Tarzan a juste le temps de les intercepter dans une accrobatie digne du seigneur de la jungle, avant que l'avion ne se crashe.
Devant néanmoins sauver Jane, et avec les indications de Kiara qui connait un remède dans la cité perdue de Fhala, Tarzan et ses accolytes vont partir, a douze jours de marche d'ici, dans un périple incroyable, qui leur révélera la puissance et la folie des adorateurs de Tara.
Dans la case retenue aujourd'hui, (trois cases en une seule !), Tarzan chute d'un ballon en flamme, et il ne fait aucun doute qu'à moins d'un miracle, il va s'écraser avec sa co-passagère au fin fond de la jungle. Ses dernières paroles : "Jamais je n'aurais cru que cela finirait ainsi" possède sa propre dramaturgie, avec en fondu enchainé le sol qui se rapproche, et une dernière pensée avant que son corps ne disparaisse : "Jane...".
C'est une scène magnifique, tant au point de vue scénaristique que graphique. Bien entendu, il va falloir tourner la page pour savoir ce qu'il advient ensuite... mais la couverture de ce deuxième numéro nous donne un indice...(1)
...Si Suydam ne réalise que les couvertures de cette très bonne série, elles n'en sont pas moins magnifiques ! Et mis a part la dernière, que l'on verra plus comme un hommage a Frazetta qu'a un appel du récit intérieur (nul barbares barbus dans celui-ci !) elles sont toutes d'à-propos.(2)
L'encrage de Thomas Yeates est plutot réussi. Et le style de Tarzan ici rendu est un des meilleur et plus realiste qu'il m'ait ete donné de voir en BD. Il rend plus directement justice aux premiers épisodes de Foster que les look plus européens que l'on a pu voir par ailleurs, chez Manning ou même Hogart. Je ne connaissais par contre pas le dessinateur Christopher Schenck, dont le trait n'est pas un des plus admirables, mais fonctionne ceci dit plutot bien.
Couverture du volume 1/6
Cet arc de Tarzan fait partie des nombreux titres Dark horse lancés a partir de 1996, qui ont vu quelques belles adaptations couleurs du héros, dont deux par Stan et Vince : "le monstre" et "tooth and nails" (Oeil pour peil) , parus chez Soleil, et le Batman/tarzan chez Wetta, pour ne citer que les trois seulement publiés en France, parmis les plus nombreux titres US.
Si Bruce Jones n'avait pas été a l'origine de ce récit, je ne sais si le scénario aurait été aussi bien maitrisé. On admettra en effet que tenir six épisodes sans lasser n'est pas l'apanage du premier venu. Et ici, le suspense sur la reelle origine du Tara, ainsi que les motivations de chaque protagoniste (surtout feminines) fonctionne très longtemps et parfaitement. Un savant dosage d'aventure, de moments d'actions, de violence, et de sentiments accrochent le lecteur, tout en parsemant le recit de rappels références a l'œuvre passée de Burroughs, que ce soient de précédents épisodes de Tarzan, ou du cycle de Mars, puisque cette histoire en est un pendant.
C'est ce qui rend certainement "Jungle fury" un arc particulièrement réussit, passionant, et recommandable pour tout amateur de Tarzan, (car Burroughs n'a pas attendu ni les uns ni les autres pour écrire de bonnes histoires), même si les adorateurs de "grand dessin" n'y trouveront pas leur compte.
> 8,5/10 monté à 9/10 pour les couvertures.
(1) Voir l'ensemble des couvertures de Jones/Yeates/Suydam chez Dark Horse : http://www.comicvine.com/tarzan-1/4000-42564/
(2) On recommendera d'ailleurs aux fans de l'artiste le livre : "The fantastic art of Arthur Suydam" (Vanguard), et le superbe comics "Aliens génocide" (Dark horse), pour lequel il a réalisé, là encore, de magnifiques couvertures.