Le 22 janvier 2012, le candidat Hollande lançait devant une foule conquise, réunie au Bourget : « si l’adversaire est la finance, alors, il faut l’affronter ! » C’est sans nul doute dans cet état d’esprit qu’il a décidé de convoquer les banques françaises à l’Elysée ce vendredi 19 juillet. Un rapide examen de son bilan suffit pour s’en persuader.
« Maîtriser la finance commencera ici par le vote d’une loi sur les banques qui les obligera à séparer leurs activités de crédit par rapport aux opérations spéculatives » annonçait Hollande au Bourget. La loi adoptée le 18 juillet ne prévoit en rien une séparation, mais une « filialisation des activités ». Pour le chercheur Gaël Giraud, celle-ci revient « à exiger la reconduction du statu quo ».
« Les produits financiers toxiques […] seront purement et simplement interdits » lançait le candidat socialiste. La loi bancaire ne prévoit aucune disposition dans ce sens. Idem pour l’encadrement des bonus des traders ou l’interdiction des stock-options. [1]
« Aucune banque française ne pourra avoir de présence dans les paradis fiscaux » promettait le futur Président. Là encore : promesse non tenue. La loi bancaire prévoit des règles de transparence renforcée, loin d’être suffisantes. Les mesures annoncées au lendemain de la démission du ministre du Budget pour évasion fiscale, relève quant à elle de la pure diversion… [2]
« Enfin, concluait Hollande, je proposerais une véritable taxe sur les transactions financières avec ceux en Europe qui voudront la mettre en œuvre avec nous ». Le hic, c’est que, de l’aveu même du Ministre de l’économie, la France veut désormais couler la taxe sur les transactions financières, sous le prétexte qu’elle coûterait trop cher pour les banques françaises ! [3]
Il faudrait ajouter à cette liste les récentes déclarations concernant le livret A, dont le taux va à nouveau baisser au plus grand bénéfice des assurances-vie. L’épargne du livret A pourrait même en partie bénéficier aux banques françaises !
N’en jetez plus : les chroniques de l’« affrontement » entre Hollande et la finance se résument à une succession de reculades, de pantalonnades en volte-face et promesses non tenues. Il faut dire qu’Hollande a su s’entourer d’un ministre du budget qui s’est avéré être un fraudeur fiscal, ainsi que d’un ministre de l’économie qui s’autoproclame « ministre des banques » et leur « partenaires »… Lui-même ancien Vice-président du Cercle de l’industrie, lobby patronal fondé avec l’actif soutien de Dominique Strauss-Kahn.
Dans ce contexte, aucun doute que cette rencontre du 19 juillet avec les banques françaises s’avérera fructueuse… pour la finance !
Le programme du candidat socialiste annonçait : « avec François Hollande, régulons la finance ». Une faute de frappe, sans doute. « Avec François Hollande, régalons la finance » semble plus proche de la réalité.
Attac France, le 19 juillet 2013