Tunisie - Quelles conséquences économiques ? analyse des experts du Crédit Agricaloe SA
En cas de grève générale, l'impact économique se fera ressentir (surtout dans la région de Gafsa principal producteur du phosphate tunisien, l'une des principales ressources en devises du pays). Les tensions hypothèqueront la saison touristique et affecteront les investissements. Les prévisions de croissance 2012 (2,2%) et 2013 (3%) pourraient être revues à la baisse, mais c'est surtout au niveau du déficit budgétaire que la crise politique se ressentira. Il paraît difficile de se tenir à un déficit " limité " à -6% du PIB cette année ou même de le réduire en 2013.
La Tunisie, qui pense avoir bouclé son programme de financement pour 2013 depuis l'annonce de prêts de l'ADB et de la Banque mondiale, négocie aujourd'hui un accord avec le FMI pour l'année 2014. Mais les tensions politiques et sociales devraient pousser le gouvernement à augmenter ses dépenses, et donc son besoin de financement. Il ne pourra se tourner principalement que vers des partenaires bilatéraux, principalement l'Europe et les États-Unis, ou multilatéraux (FMI, BAM, ADB) qui soutiendraient certainement le pays, s'ils voient d'un œil favorable son évolution politique (ce qui n'est pas acquis). Si l'on prend 2011 comme référence, les troubles avaient couté 2 milliards USD au pays (pour un mois de révolution et plusieurs mois de grèves) soit 5% du PIB.
Commentaire : En cas de nouvelle révolution, la situation sera certainement plus délicate qu'en 2011.
La société tunisienne a éclaté depuis entre soutiens du pouvoir et opposants et elle n'atteindra probablement pas le fort degré de consensus réalisé pendant la révolution. Pour cette raison, peu d'opposants politiques ont réellement intérêt à une nouvelle révolution, mais ils tenteront d'utiliser les tensions pour forcer le gouvernement à organiser au plus vite des élections libres, où ils pourront tirer des gains électoraux qu'ils considèrent aujourd'hui comme certains.
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