L’été, enfin là, semble avoir endormi la librairie Élan Sud et ses soirées, mais il n’en est rien. Jeudi 18 juillet, elle
s’était « exportée » à Caderousse, au Pub Artisticulturel, lieu hétéroclite, mais ô combien riche en propositions culturelles !
Quinze personnes environ ont assisté à cette représentation ; c’est peu pour certains, c’est beaucoup lorsqu’on connaît l’offre
théâtrale en ce moment…
Cette 3e représentation était une fois de plus « prenante », et l’on peut se demander si Esther n’est pas, à l’image de son
personnage, en train de devenir la créature de son texte, elle qui l’a fait naître à l’oralité, lui a donné une nouvelle dimension, le faisant passer du silence de la lecture au bouillonnement
émotionnel du monologue.
Prochaine représentation : le dimanche 4 août 2013, 17h, à Céreste [84] dans le cadre du salon du livre où la maison d'édition Élan
Sud présentera son catalogue en présence de quelques auteurs.
Extrait :
« Bien sûr, c’est ma faute. Je l’appelle, je la pleure, je la désire à en crever, et pour satisfaire mes pulsions je la fais
venir de si loin qu’elle-même ne sait si elle pourra jamais y retourner désormais. Quand bien même cet endroit d’où elle est apparue n’est que néant, quand bien même elle pouvait alors ne pas
être du tout, n’a-t-elle pas le droit de préférer cette absence aux tourments que nous partageons lorsque je la convoque ? N’est-elle pas en droit de vouloir substituer à mes peines et à mes
lamentations le silence éternel de son existence suspendue entre pensée et papier ? Mais comment pourrait-elle seulement y retourner ? Nous sommes désormais coincés entre nos deux univers, elle
et moi, moi et elle, une seule et même souffrance de chaque côté de l’encre, sans plus savoir qui de la créature ou du créateur pose la mine sur le papier, qui de la créature ou du créateur
modèle son reflet dans les traits de l’autre. Qui d’elle ou de moi est devenu la créature du créateur. »
écrit par Sophie Abonnenc et publié par Les Netscripteurs
Esther Mello : après 80 représentations de sa pièce « Esther » dont le texte a été
édité chez Élan Sud sous le titre « Le voleur d’enfance », monologue traitant de l’inceste, mais qui recèle une force poétique empreinte de fraîcheur [plus de détails en cliquant ici], la voici dans cette nouvelle aventure de… Créature.
Esther ne veut pas en rester là, d’autres projets mijotent, d’autres
monologues, d’autres paris, d’autres remises en question… à 77 ans !
Chapeau bas Madame l’artiste !