Il ne se passe plus une semaine sans que la presse ou la radio évoque, à propos d’un viol ou d’un crime à caractère sexuel, la recherche active du « prédateur sexuel » responsable de ces actes.
Qu’est ce qu’un prédateur ? C’est un animal qui se nourrit d’autres animaux. La notion de « prédateur sexuel » constitue donc une analogie très claire entre l’individu coupable de crimes sexuels et la bête assoiffée qui va se jeter sur son innocente victime. On imagine l’immonde animal tapi dans l’ombre, sur le chemin de l’école.
Ce type d’analogie soulève une question politique importante : le criminel est-il quelqu’un comme vous et moi ? Parler de « prédateur sexuel », c’est rejeter le criminel dans un autre monde : ça n’est pas quelqu’un comme nous, c’est un monstre. Que fait-on avec les monstres ? On les enferme, on les élimine. Pas de réhabilitation possible, évidemment.Ainsi, on se rassure en se rappelant qu’on est du bon côté. En plus, parler de monstre évite de se demander si la société est pour quelque chose dans l’apparition de ces comportements odieux.
Les médias, en employant à tout va ce type de vocabulaire, véhiculent insidieusement l’idée que la meilleure manière de lutter contre les « prédateurs sexuels », c’est de détecter les comportements déviants dès la maternelle, et d’enfermer à vie les individus potentiellement dangereux. D’appliquer le programme de Sarkozy, donc.
Fred