[À vous de voir !] Pacific Rim ou Le roi et l'oiseau ?
Par Anaïs
Grand écart cinématographique cette semaine avec le dernier blockbuster en date (Pacific Rim) et le célèbre film d'animation – considéré par beaucoup comme un chef d'œuvre – Le roi et l'oiseau, sorti en 1980, restauré in extremis cette année et de retour dans nos salles obscures. Pour mon (notre ?) plus grand plaisir !
Pas vraiment de fil conducteur donc si ce n'est cette envie de comparer – ou plutôt confronter – l'ancien au récent, le suranné au contemporain (ceci, sans connotation négative hein). Avec deux belles surprises à l'arrivée ! Alors à votre avis, qui des robots ou du roi Charles V et Trois font Huit et Huit font Seize l'a emporté ?- Pacific Rim (Guillermo del Toro) Une production dantesque qui voit s'affronter – pour la survie de l'humanité –des monstres géants (les Kaijus) et de gigantesques robots (les Jaegers), contrôlés eux par des pilotes qui communiquent par télépathie. Porté par un casting efficace (Charlie Hunnam, Ron Perlman, Idris Elba, Max Martini... !), Pacific Rim s'impose non pas par la qualité de son scénario – plutôt prévisible en soi –mais par celle, inouïe, de ses images. Magnifiées par des effets spéciaux époustouflants, ces dernières relèvent en effet un défi tant technique qu'artistique et ne peuvent, en cela, qu'happer le spectateur, soufflé devant une telle lisibilité et efficacité visuelles. Cette création prodigieuse n'évite toutefois pas les poncifs du genre : personnages clichés, intrigue cousue de fil blanc, relents sexistes (c'est bien beau de choisir une femme pour interpréter le rôle principal mais si c'est pour qu'elle passe son temps à obéir aux ordres de son coéquipier pendant toutes les scènes de combat, euh...) et 3D (imposée au réalisateur par la Warner je précise) superflue. L'orgie visuelle que propose Guillermo del Toro parvient toutefois, en dépit de ces quelques défauts, à rendre ce blockbuster plus que plaisant. En deux mots : spectaculaire et convenu.
Le petit plus : Pacific Rim c'est un peu le Noël des sériephiles ! On y retrouve Charlie Hunnam et Ron Perlman (Sons of Anarchy), le comédien fétiche de Guillermo del Toro au passage (Cronos, Blade 2, Hellboy), Idris Elba (Luther) et Max Martini (The Unit).N'hésitez pas si :- vous accordez davantage d'importance à la forme qu'au fond et donc à l'image qu'à l'histoire (vous allez prendre votre pied, visuellement c'est superbe !) ;
- vous n'êtes pas insensible au casting (il vous le rendra bien) ;
- vous êtes fan de Neon Genesis Evangelion ou encore des Godzilla japonais (vous devrez retrouver leur essence dans ce film) ;
Fuyez si : - vous détestez les blockbusters (vous risquez d'y trouver tout ce qui vous donne de l'urticaire) ;
- les combats entre robots et monstres géants ne vous inspirent pas grand intérêt ;
- vous ne supportez pas les personnages stéréotypés ;
- Le roi et l'oiseau (Paul Grimault) La course-poursuite quelque peu surréaliste entre un roi-tyran (Charles V et Trois font Huit et Huit font Seize), follement épris d'une bergère et un ramoneur qui tente tant bien que mal d'échapper à son joug – avec cette dernière, dont il est également amoureux (sinon, ce ne serait pas drôle). Un conte dystopique dans lequel Paul Grimault associe burlesque et onirisme pour dénoncer le totalitarisme et les inégalités sociales entre un souverain et son peuple. Si la qualité des dessins (mention spéciale pour l'immense château et sa construction "en parc d'attraction") et leur colorisation s'avèrent bluffantes, certains spectateurs seront toutefois, je pense, gênés par l'ambiance Daliesque qui règne, la prééminence de la musique de Wojciech Kilar ou encore le rythme assez lent qui peut donner l'impression de vivre un trip sous acide (mais sans acide hum). Par ailleurs, si j'ai adoré le roi et l'oiseau, qui sont deux personnages éminemment bien construits, j'ai en revanche été déçue par la bergère et le ramoneur qui manquent cruellement de profondeur selon moi. En résumé, une fable engagée qui oscille tour à tour entre merveilleux et terreur. À réserver aux grands enfants.En deux mots : intelligent et onirique.Le petit plus : Le roi et l'oiseau est l'adaptation (très libre) d'un conte d'Andersen, La Bergère et le Ramoneur. Tous deux ne sont en effet qu'un prétexte dans cette intrigue résolument politique. Ce film d'animation est le fruit de la collaboration entre Jacques Prévert et Paul Grimault, qui avaient déjà travaillé ensemble pour Le petit soldat.N'hésitez pas si :- vous aimez tout particulièrement les univers dystopiques ;
- la critique du totalitarisme vous intéresse ;
- vous adorez la musique classique (vous allez être servi !) ;
Fuyez si : - vous recherchez un dessin animé pour votre petit bout de chou (Le roi et l'oiseau s'adresse aux grands enfants selon moi) ;
- le nom Charles Cinq et Trois font Huit et Huit font Seize ne vous fait pas rire (dans ce cas, vous ne serez sans doute pas sensible à l'humour singulier de cette création) ;
- vous avez horreur des dessins animés qui ne sont pas entièrement dialogués (il y a de nombreux interludes musicaux) ;
Verdict ?Pas de préférence cette semaine ! J'ai passé un bon moment tant devant Pacific Rim, qui est sans doute le blockbuster de l'année d'ailleurs (n'en attendez pas quelque chose d'intelligent pour autant, c'est simplement un divertissement efficace) que devant la version restaurée du Roi et l'oiseau, conte idéaliste et caustique à souhait. À vous de voir !