Littéralement sorti d’une favela, pour se faire connaître internationalement en tant que comédien dans le film de 2002 Cidade de Deus (en français, La Cité de Dieu), Seu Jorge ne traînera pas longtemps avant de se faire un nom d’artiste extrêmement respecté grâce à la musique. Il est justement l’un des plus grands noms de la scène brésilienne actuelle, avec la notoriété qui va avec.
Cru, avec sa magnifique pochette, distille en dix titres tout le talent de musicien et d’interprète du Brésilien. Les accompagnements sont simples, légers, car acoustiques voire parfois carrément à la limite de l’enregistrement live, ce qui donne encore plus de vibrations à cet ensemble très percutant.
Au milieu de reprises brésiliennes ou non comme Serge Gainsbourg (« Chatterton ») ou Elvis Presley (« Don’t »), Seu Jorge impose déjà quelques compositions personnelles. Il chante évidemment en portugais, mais aussi en italien sur « Fiore de la citta » ou en anglais sur « Don’t ».
Mes moments préférés sont sans hésitation « Mania de peitão », « Bem querer », « Bola de meia » et « Una mujer » (chanson entièrement en portugais sauf pour ces deux mots).
Un artiste qui ne sortira pas de la case « musiques du monde », qui ne me déplaît pas du tout mais est très réductrice tant elle classe la grande majorité des artistes du monde dedans, à l’exception de ce qui vient des pays anglo-saxons.
Cru est un excellent album, sans prétention apparente, mais qui touche par sa chaleur humaine évidente. Bien sûr, le talent de l’artiste est évident et ajoute de la force à l’interprétation de ce disque moins brésilien que ne le sont Carolina (son premier album, publié au Brésil sous le titre de Samba Esporte Fino) America Brasil O Disco ou Músicas Para Churrascos, mais moins international que The Life Aquatic Studio Sessions (fait de reprises de David Bowie) ou le projet Seu Jorge E Almaz.
Pour l’anecdote, sachez que, en plus d’avoir été en partie produit en France, Cru a reçu la participation d’un célèbre auteur-compositeur-interprète-guitariste français sur le premier morceau, « Tive razão » : un certain « M », ou Matthieu Chédid, y joue la guitare acoustique. International, vous disais-je. Et puis, au fait, il faudra quand même, un jour, que j’aille poser mes oreilles sur le travail du prodige français.