Ne pas oublier, donner à chacun son nom dans un poème, dans un livre ; ainsi, venu de l’Utah, d’une famille où la généalogie a beaucoup d’importance, Chris Ames (un nom qu’il tient d’un Duc d’Amiens !) écrit des portraits, ou plutôt des moments partagés avec celui-ci, celle-là, dans un pays ou dans un autre. Ici pensant à là-bas, s’efforçant d’être présent au monde, ayant voulu, voulant le connaître, non parce que le monde serait beau comme la terre est ronde, mais pour en être, de ce monde, au sortir de l’enfance, et gardant sur ce monde un regard d’enfant, attentif, n’en perdant pas une miette, allant et écrivant, portant ses origines et n’étant que lui-même, porteur d’aucun message ni d’une religion, ni d’une nation. Lui-même, debout, travaillant les mots, apprenant les langues des autres rencontrés, « tous nés, encore et encore et encore ». Après un premier recueil en anglais, Some people, il a publié The midwife (La sage femme), édition bilingue (traduction française de Marie Chamoulaud).
La soirée fut ainsi bilingue, les échanges dans les deux langues pour que tous se comprennent et la discussion fut agréable. Cet homme-là nous disait simplement : J’ai voulu vous connaître et nous sommes ensemble ce soir. Concluant sa lecture d’un dernier portrait : « Qui suis-je, qui sommes-nous / d’étreindre quelqu’un / et de penser que nous connaissons / que nous avons connu ».
C’était la dernière soirée de la saison 2012-2013 des Rencontres poétiques Tiasci – Paalam. Nous y avons écouté, avant de partager le repas, un poème de Riaz Quadir, fidèle de nos rencontres, puis deux poèmes de Thamizhachi Thangapandian, de passage à Paris et que nous espérons revoir et écouter prochainement.