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"Fedora" : le prix de l'éternelle jeunesse

Par Vierasouto


18 - 07
2013
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Pitch.
Une ancienne grande star de Hollywood, retirée depuis des années en Europe, se jette sous un train. Un producteur se souvient de sa visite à Corfou chez elle deux semaines auparavant afin de la faire revenir au cinéma.

On pensait que Billy Wilder en avait fini (et c'était bien dommage) avec le film noir après sa brillante trilogie "Double idemnity" ("Assurance sur la mort", chef d'oeuvre, 1944), "Witness for prosecution" (1957) et "Sunset boulevard" (1950). Passé ensuite aux comédies acides que l'on connaît ("Embrasse-moi idiot"/1964, "Certains l'aiment chaud"/1959, "La Garçonnière"/1960, des films assez osés pour l'époque). Mais en 1978, Wilder, dépassé par le Nouvel Hollywood aux commandes des studios, choisit d'adosser son portrait d'une actrice vieillissante (comme dans "Sunset boulevard"), avec cette obligation de jeunesse éternelle imposée par Hollywood, à  un magnifique hommage au "Grand cinéma". Autre virage 28 ans après "Sunset boulevard", la dimension horrifique de certaines scènes de l'actrice vieillissante (on pense à "Baby Jane" d'Aldrich), quoique Gloria Swanson était filmée déjà dans "Sunset bd" de manière effrayante, mais n'en disons pas trop car le suspense est là.
Dans la première scène, une femme voilée se jette sous un train dans la nuit. Le monde entier annonce ensuite la mort de Fedora, la star ultime type Garbo retirée à Corfou depuis des années. Quel âge avait-elle? On l'ignore...
Barry Detweiller se souvient quinze jours auparavant des évènements qui ont pu conduire au drame. Producteur sur la touche, Barry avait eu l'idée de demander à Fedora de lire un scénario (tiré d'"Anna Karénine") et de revenir au cinéma. Mais la rencontrer avait tenu du parcours du combattant... Entourée de la vieille comtesse Sobryanski, de son médecin personnel, le Docteur Vando, et de ses domestiques, Fedora vit depuis longtemps recluse dans une petite île, au large de Corfou, accessible seulement en bateau. Barry finira par rencontrer Fedora par l'intermédiaire du Docteur Vando...

photo Carlotta
Procès des studios Hollywoodiens qui exigeaient implictement de leurs stars l'éternelle jeunesse les conduisant à tous les excès, traitements farfelus et dangereux, chirurgie esthétique, dopage, etc... Drame familial central où une actrice célèbre, incapable de s'occuper de son enfant au temps du Grand Hollywood, le transforme en objet à son service. Traité manière film noir malgré la couleur et le soleil de Corfou, le film vire parfois à l'onirique, à l'horrifique discret. Les rebondissements scénaristiques sont nombreux, les flash-backs multiples, trop, peut-être. Tout comme la dernière partie est trop explicative. Si le film est fascinant, par moments, il est trop chargé. Marthe Keller a remplacé Faye Dunaway (pressentie au départ) qui aurait sans doute su être plus inquiétante.
En deux mots, on a l'impression que ce film arrive un peu tard dans la filmographie de Wilder, qu'il a voulu moderniser son cinéma tout en regrettant l'ancien (convaincant flash-back sur 1947 quand Barry, jeune assitant, rencontre Fedora, superstar, filmé nue dans un bassin), multipliant, baigné dans la nostlagie, les occasions de rendre hommage au cinéma de Robert Taylor et Marlene Dietrich. La voix off de William Holden racontant en flash-back ses 15 jours à Corfou rappelle le procédé de "Sunset bd" où il était également l'acteur principal.
Ce film, présenté dans la section Cannes Classics au dernier festival de Cannes, sortira en reprise sur copie remasterisée le 21 aout 2013.

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(vu en DVD test il y a quelques jours)
"Fedora", portrait d'1 star déchue, drame familial, nostalgie du "grand cinéma", traité tel 1 film noir malgré soleil de Corfou, à savourer..."
"Fedora" (1978), 28a après "Sunset bd", Billy Wilder n'avait pas fini le procès de l'éternelle jeunesse imposée à Hollywood (reprise 21 août)

Mots-clés : avant-Premières, cinéculte, cinéma américain, , Billy Wilder

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