Froome et Brailsford.
Depuis l’Alpe-d’Huez (Isère).Puisque la suspicion sur les performances de Christopher Froome continue, Sky a décidé de sortir l’artillerie lourde. Ce jeudi, elle a en effet annoncé qu’elle avait fait analyser les données de puissance du maillot jaune, qui permettent de mesurer ses performances. Jusqu’à maintenant, le patron de l’équipe anglaise, Dave Brailsford, avait toujours refusé de les diffuser. Et pour cause. Ils considèrent ces données – qui sont l’une des bases du travail du célèbre entraîneur Antoine Vayer – comme était peu «scientifiques».
Pour réussir son coup médiatique, Brailsford a utilisé un journal, l’Equipe, puis un entraîneur, celui de la FdJ, Frédéric Grappe, qui ne porte pas dans son coeur Vayer, dont il conteste l'interprétation des données de puissance.
Dans le quotidien sportif, Grappe explique à propos de Froome: «Les données de puissance des deux dernières années sont cohérentes avec le profil qu'il présente. Les performances qu'il a réalisées sur Ax-3 Domaines et sur le Ventoux pouvaient être attendues en regard de son PPR(profil de puissance record).»Grappe se montre formel: «En deux années, sont profil n'a pas changé. Il possède un potentiel aérobie hors du commun qui l'oblige à posséder une VO2 max proche des limites physiologiques scientifiques connues. Son poids moyen sur les deux années est de 68 kg (le matin) avec des variations très faibles, inférieures à 900 grammes. Pour être capable d'exploiter un profil de puissance à quasiment 100% de son maximum, il faut que Chris Froome possède d'excellentes qualités de récupération entre les étapes.»
A la lecture de ces phrases, soyons honnête: qu’y a-t-il de «scientifique» dans cette interprétation? Mais surtout, il convient d’en venir à une explication fondamentale: les données récupérées par les journalistes de l'Equipe auprès de Frédéric Grappe sont des calculs estimés depuis la Vuelta 2011. Précision importante: Froome avait terminé deuxième de ce Tour d’Espagne, autrement dit, il était déjà au sommet de ses capacités. D’ailleurs les chiffres de puissance de Chris Froome sur ce Tour d'Espagne, calculés à l'époque par l’équipe de Vayer, étaient exceptionnels. Comprenez-bien : ces chiffres sont cohérents avec ceux de son Tour 2013. Sa progression depuis est minime.
Le chronicoeur pose donc trois questions.
-Quel était son profil avant 2011?
-Quelle est sa progression depuis son arrivée chez Sky, en 2010?
-L’opération de transparence n’est-elle qu’un rideau de fumée, en somme un coup de com à grande échelle?
Pour info, Frédéric Grappe a depuis déclaré que son interprétation lue dans l'Equipe «ne permette pas de dire» si Froome est propre. A la bonne heure…