Tupper lecteurs bonjour.
De retour du Japon depuis maintenant 2 mois, il était grand temps de vous proposer le test en profondeur d’un DAP « coup de cœur » qui a réussit l’exploit de me faire lâcher mon Hisound Audio Studio V adoré . Voici sans plus tarder, pour vous, le test du iRiver Astell & Kern AK100 : Un lecteur portable haut de gamme dédié aux audiophiles exigeants.
1. Caractéristiques techniques
Je ne résiste pas au plaisir de mettre ici en avant le bel effort marketing commis par iriver pour présenter les caractéristiques du AK100 et dont les points saillants seront détaillés plus avant dans l’article.
- La prétention de ce produit est de restituer la musique « telle qu’elle devrait être entendue » … Vaste programme lorsque l’on connait, par exemple, la philosophie opposée d’un « Grado » qui prend délibérément le parti d’interpréter un message musical selon son propre caractère avec une évidente coloration.
- Il appartient naturellement à chacun de se positionner par rapport à cette approche.
Retenons simplement de ces 5 indicateurs que le iriver ak100 a été conçu avec un soin particulier, le dotant ainsi d’une indéniable capacité à scorer fort sur une batterie de tests techniques. Reste à savoir si la musique s’écoute avec des courbes ou avec des oreilles ?
- En termes de jitter, la marque se positionne au niveau des meilleurs appareils du marché (Notamment Colorfly) avec 90 piscosecondes
- La réponse en fréquence est d’une linéarité exemplaire
- Les niveaux de distorsion et bruits relevés sont effectivement extrêmement faibles. On ne déplore d’ailleurs pas le moindre bruit blanc en l’absence de musique, le silence est d’un noir absolu.
- Le stockage … Vaste débat qui ne fait que débuter, entre les DAP « pure players » qui misent sur de grandes capacités de stockage pour une indépendance totale, et les smartphones connectés qui s’affranchissent de cette notion de capacité en offrant des possibilités d’accès toujours plus nombreuses à des services musicaux de type « streaming » ou « cloud ».
- Le iriver s’inscrit clairement dans le clan des lecteurs dédiés à l’audio et propose jusqu’à 2×64 Go + 32 Go de stockage, soit près de 150 go
- La brochure officielle mentionne une capacité inférieure, mais le petit ak100 a accepté, sans broncher dans mon cas, mes cartes 64 go SDXC
Le stockage est à n’en point douter l’une des grandes forces du lecteur qui parvient à allier un format mini et un confort d’espace de stockage remarquable.
- Bon point également en ce qui concerne la connectique très correcte, puisque l’on trouvera également dans le lecteur une sortie « line out » et une entrée numérique.
- Il vous sera donc possible d’utiliser le AK100 comme un lecteur ou comme un DAC externe pour les drive ou PC ayant des sorties « optical out ».
Enfin, véritable saucisse trônant sur la choucroute, comment ne pas remarquer l’audiochip en la présence du Wolfson 8740. Inutile de chercher la puce chez d’autres matériels audiophiles portables, iriver est effectivement le premier à avoir tenté l’affaire.
Vous avez en revanche pu croiser la puce sur des matériels sédentaires chez Cambridge tels que :
- Audio Stream Magic 6
- Azur 640 player Lampized
- Les séries DAC magic
Même si cette puce n’est de loin pas la meilleure sur les matériels sédentaires, elle ne devrait avoir aucun problème à s’inscrire comme une référence en audio portable contre des modèles traditionnellement moins énergivores mais notablement moins performants.
Pour terminer avec les caractéristiques techniques, je vous laisse admirer ce tableau qui devrait vous procurer tous les éléments non abordés. Vous noterez tout particulièrement le poids plume, les dimensions contenues, et surtout une autonomie très correcte (16h), notamment en comparaison du ibasso DX100 , des différents Colorfly et autres Hifiman.
Technical Specifications
General Specifications
Model AK100 Color Black Dimensions 2.33″ [W] x 3.11″ [H] x 0.57″ [D] (59.2 mm x 79 mm x 14.4 mm) Weight 4.3 oz (122 g) Display 2.4 inch QVGA (320 x 240) IPS Touchscreen Supported Audio Formats WAV, FLAC, WMA, MP3, OGG, APE Sample Rate FLAC, WAV : 8kHz ~ 192kHz (8/16/24 bits per sample) Output Level 1.5 Vrms (No Load) DAC Wolfson WM8740 24bit DAC (High-End Audio DAC) Decoding Supports up to 24bit / 192kHz Bit to Bit Decoding Charging Interface Micro USB Type-B Interface USB 2.0, OPTICAL IN/OUT, Headphone Out Feature Enhancements Software upgrades supported Audio Performance Frequency Response 10Hz to 20kHz +/-0.02dB (24bit 48kHz, No Load) Signal to Noise Ratio 110dB (1kHz 0dB, 24bit 48kHz, No Load) Crosstalk -120dB (1kHz 0dB, 24bit 48kHz, No Load) THD+N 0.0009% (1kHz 0dB, 24bit 48kHz, No Load) IMD SMPTE 0.003% (24bit 48kHz, No Load) Clock Source Clock Jitter 90 ps Battery Capacity 2,000 mAh 3.7V Li-Polymer Battery Continuous Playback Time Up to 16 hours (Standard – MUSIC: FLAC, 16bit, 44kHz, Volume 37, EQ Off, LCD Off) Charge Time About 5 hours Memory Built-in Memory 32 GB [NAND] External Memory Micro SD (Max 32GB) x 2 OS Compatible OS Windows 2000 / XP / Vista / 7 |
2. L’ergonomie et la qualité de fabrication
S’il y a un second domaine ou l’AK 100 fait très fort, c’est bien sur le soin apporté à sa fabrication et à la belle expérience utilisateur qu’il offre en retour.
2.1. Les matériaux
- La façade avant de l’AK100 est recouverte d’aluminium brossé pour éviter les rayures. Les tranches « latérales » du lecteurs reçoivent également le même traitement de faveur.
- Sur la face arrière en revanche, un plastique noir vitrifié est utilisé, mais il ne nuit pas outre mesure à la qualité de l’ensemble.
- L’écran couleur tactile de 2,4 pouces offre une résolution de 320 x 240, largement suffisante pour naviguer agréablement et afficher vos pochettes d’albums.
2.2. Les boutons et la prise en main
- A l’instar du soin apporté au corps du DAP, les boutons sont en métal et permettent d’accéder aux fonctions assez classiques de sélections des titres précédents et suivants, de lecture et de pause. Ils sont situés de côté et sont assez finement intégrés, limitant ainsi les contacts accidentels dans les poches.
- Le bouton d’allumage est situé sur le haut de l’appareil, à coté de l’ « optical in » et de la prise mini jack.
- Enfin, le vrai petit plus du AK100 : le sélecteur de volume analogique, qui permet un réglage de 0 à 100 … Par pas de 0,5 !
- Autant dire que vous n’aurez aucun problème à ajuster le volume sonore qui vous convient au crin de poney prés. C’est également d’un snobisme rare qui vous distinguera de l’iPlèbe
2.3. Le packaging
Sans m’appesantir sur ce chapitre, à l’image du DAP, le packaging est très soigné et se voit doté d’une petite housse aux dimensions du lecteir qui s’avère bien pratique pour ne pas abîmer ce magnifique objet et qui ne vous quittera plus une fois essayé.
3. Le firmware
Le firmware du AK100 est globalement bon, mais surtout bien meilleur que chez nos amis de chez Colorfly et Hifiman qui avaient une fâcheuse tendance à justifier une partie soft désastreuse par les performances audio de leurs produits.
iRiver vient rappeler au marché qu’il est possible d’exceller en audio sans sacrifier la partie logicielle. J’en veux pour preuve les points suivants :
- Le menu principal de l’appareil offre un accès rapide à toutes les fonctionnalités de l’appareil : paramètres, navigation selon différents modes, etc …
- Le tactile est très réactif et utilise une arborescence de navigation aussi intuitive qu’efficace
- L’UI est soignée en lecture
- Aucun bug d’allumage ou de brick recensé à ce jour
- La mise en marche est assez rapide sans l’option d’autoscan activée
L’équalizer est également bien pensé, et permet de dessiner à la main la courbe souhaitée. On aurait aimé qu’iRiver aille encore plus loin et rendent le tout paramétrique. Peut-être dans un prochain firwmare ?
4. L’écoute
4.1. Conditions d’écoutes
- Fichiers : FLAC
- Ecouteurs : Earsonics EM6, Earsonics EM2
- Temps de test : 2 mois
- Conditions d’écoutes : Au calme, dans le RER, dans le métro, en avion …
Le iriver AK100 est un baladeur qui offre une impédance de sortie de 22 Ohms. L’appairage avec certains écouteurs / casques s’avère donc relativement crucial.
En ce qui me concerne j’ai élaboré ce test audio avec ce que je pense être un bon appairage : une paire d’intra moulé haut de gamme. L’idée étant de pouvoir profiter du niveau de détail du DAC, et de la plage de puissance optimale du lecteur. Par ailleurs les Earsonics EM2 et EM6 ont une impédance assez élevée de 60 Ohms.
Cela devrait en théorie être correct pour le AK100 et dans la moyenne des valeurs recommandées par iriver en termes d’impédance, si l’on en croit le tableau officiel des casques « recommandés ».
4.2. Le test
4.2.1. La présentation de la scène
Ce qui fût probablement le plus choquant pour moi lors de la première écoute du AK100 avec mes EM6 : La largeur et l’ouverture de scène qui sont tout simplement remarquables.
Habitué jusque là à des standards moins performants en la matière, j’avais fini par me dire que les intras ne me permettraient jamais une écoute « aérée » et que j’étais condamné à entendre une musique jouée à 3 mm de mon tympan jusqu’à ce que la mort m’apporte la rédemption (à un âge canonique autant que faire ce peut). Fadaise, calembredaine, ineptie.
Le iriver AK100 devait me persuader que j’étais dans l’erreur. Le petit DAP se paie le luxe de présenter une scène notablement plus large que mon Studio V ou que mes Colorfly, mais aussi clairement plus réaliste. Certains enregistrements d’exception, comme les pépites du Hadouk Trio que sont « live @ FIP » et autres « Utopies » offrent réellement une nouvelle expérience avec des intras. Le « headroom » se dégage, on respire, et le diamètre de la sphère de musique reconstituée autour de la tête de l’auditeur « gonfle » très largement.
Les écoutes de musique classique, notamment en formation de musique de chambre se révèlent à nos oreilles sous un autre aspect. Jordi Savall et sa discographie pléthorique, bien souvent réalisée dans des conditions d’enregistrement exceptionnelles m’ont conforté dans mes impressions. L’AK100 est un petit magicien quand il s’agit de dresser les lieux dans lesquels la prise de son a été réalisée.
J’insiste sur ce point avec véhémence, mais pour quiconque souffre de « claustrophobie » à l’écoute prolongée des IEM, c’est une vraie délivrance.
4.2.2. La signature
Le iriver AK100 fait montre d’une très grande neutralité. Force et faiblesse en même temps, selon le but de vos écoutes, et selon le casque que vous y appairerez.
D’une grande linéarité tout le long du spectre, l’AK100 ne vous mettra rien en exergue, si telle n’a pas été l’intention d’un ingénieur du son dans la production de l’oeuvre que vous écoutez. Ainsi, nombre d’albums récents dans des genres modernes, et souvent victimes de la sournoise « loudness war » sonneront assez plats pour peu que votre casque ne soit pas non plus un bout en train relativement infidèle.
En revanche, si vous suivez mes conseils, et optez pour :
- Un casque avec un niveau élevé de dynamisme
- Un casque plutôt neutre
- Des fichiers lossless
Alors l’AK100 sera le lecteur idéal. Il faut également préciser que l’on a ici affaire à une « vraie » neutralité. Aucun « roll off » scabreux à déclarer dans les extrêmes, une clarté et un délié du message qui permettent l’appréhension de toute la gamme de fréquence restituée à un moment donné avec une égale maestria.
En ce concerne les Earsonics EM2 et EM6, qui m’ont accompagné durant ces mois de tests, aucun problème d’apparaige à signaler. C’est avec un égal bonheur que le AK100 les a drivés.
4.2.3. Le niveau de détail
Un aspect supplémentaire sur lequel le AK100 brille aussi est le niveau de détails qui surclasse ses concurrents. Certes, il faudra, pour en profiter pleinement, vous équiper d’IEM haut de gamme capable de rendre avec honneur la texture riche délivrée par le iriver … Mais le jeu en vaut la chandelle. Mention spéciale aux médiums et aux aigus qui sont traités ici avec un réalisme réservé d’ordinaire au « sédentaire ».
Vous reprendrez plaisir à écouter vos meilleurs enregistrements de classiques, en retrouvant la matière de vos violoncelles, pianos et autres clarinettes. La capacité à recréer les espaces sonores est également remarquable, ce qui renforce l’attention que l’on peut porter à la précision des textures déployées.
Pas de miracles en revanche, l’AK100 ne fait pas cache-misère sur les piètres enregistrements et les mauvaises productions … Leur médiocrité intrinsèque est révélée en plein jour. l’AK100 n’est sans doute pas le compagnon idéal pour nos amis metalleux (j’en fais malheureusement partie), dont les groupes de prédilections n’ont pas toujours les budgets nécessaires pour réaliser de grandes productions d’albums.
Le DAC montre ici clairement son aisance par rapport aux autres puces du marché souvent plus économes mais bien moins performantes (DAP très haut de gamme exclus). Iriver a su faire les bons choix techniques d’implémentation en alliant performance et autonomie « correcte ». En bref c’est une copie excellente que rend sur ce domaine le AK100.
4.2.4. L’autorité à driver des casques / intras
Nous voici au cœur de la polémique « 22 Ohms ». On reproche au iriver de ne pas driver certains casques par manque de puissance délivrée et la présence d’une sortie avec un niveau d’impédance trop élevé. C’est une réalité. Si vous cherchez à driver un casque gourmand, l’AK100 sera probablement trop juste seul, et l’ajout d’un petit ampli sera nécessaire.
Pour autant, compte tenu la taille des concurrents capable de donner un niveau de détail a peu près équivalent (dx100, hifiman HM901 selon toute vraisemblance) la solution AK100 + ampli demeure parfois plus compacte et plus performante !
En ce qui me concerne, le iriver est parfait sur mes paires d’Earsonics à 60 Ohms. En revanche, mon Grado SR325 suffisamment amplifié en termes de volume, présente une écoute relativement plate. L’ajout d’un ampli vient régler le problème, en l’occurrence le dernier fiio E12 Montblanc sympathiquement prêté par nos amis d’audiophonics.fr pour l’occasion, et en photo ci-dessous.
On remarquera au passage l’élégance et la classe des matières utilisée, une épaisseur maîtrisée, au détriment d’une longueur assez importante, par rapport à un petit DAP comme l’iriver AK100.
On récupère alors le dynamisme et le contraste de l’écoute, et surtout un gain de tension notable dans le bas de spectre. Cependant comme certains produits Fiio, la largeur de scène est un peu resserré et la chaleur global du message rehaussée.
Il est à noter également que l’ajout de l’amplificateur avec les intras me laisse une impression mitigée : le message est plus (trop ?) chaleureux, la tension dans le bas de spectre est certes plus palpable, mais la présentation de la scène perd en réalisme et en volume.
5. Conclusion
iriver fait une entrée fracassante dans la cour des plus grands et réussit le pari superbe de concilier un ensemble de qualités jamais réunies auparavant dans un même produit :
- Nomadisme parfait
- Qualités sonores techniques indéniables
- Ergonomie réussie
- Autonomie confortable
Reste que le produit drivera notablement mieux les IEMs avec une impédance moyenne, et devra s’accommoder d’un amplificateur d’appoint pour exceller cette fois ci comme un DAC à la quantité de détails plus que généreuse.
La perfection n’étant pas de ce monde, il est à déplorer, une fois encore, que le prix français soit notablement plus elevé que les tarifs asiatiques nettement plus conformes à l’entendement.