Aborder Drukqs, c’est toucher un moment-clé de l’Histoire de la musique. Oui, c’est à ce point. Pas parce que c’est un chef-d’œuvre de la musique, tout du moins pas pour moi, ni pour une autre partie de la population (rassurez-vous, vous rencontrez facilement des adorateurs inconditionnels de ce double album, j’en connais, et il y en a même parmi les artistes). Alors, où est donc l’Histoire ?
D’abord, parce que c’est tout simplement le dernier album du petit génie de Cornouailles plus connu sous son sobriquet de Aphex Twin. L’artiste n’est officiellement pas en retraite (il fait des apparitions sur scène rarissimes, et a surtout une tête plus grosse que ses chevilles, ou l’inverse), mais niet. Rien à se mettre sous la dent. Même les rumeurs sont impossibles à entendre.
Ensuite, parce que c’est un album qui aurait pu, ou aurait dû ne pas être publié. La légende raconte que Richard D. James (son vrai nom, et également le titre de l’un de ses albums cultes… enfin, tous ses albums sont cultes de toutes façons, mais vous l’aviez compris) aurait perdu son lecteur mp3 dans un avion, et aurait ainsi décidé de le publier plutôt que de prendre quelque risque de le voir s’envoler sur Internet.
Enfin, car tout a déjà été dit, redit, imaginé (cf. la légende), interprété concernant Drukqs. Entre ceux qui le trouve parfait en tout point, et ceux qui pensent qu’il serait parfait en en supprimant certains titres, le trouvant tantôt magique, tantôt facile, c’est à vous de choisir votre camp.
Musicalement, car c’est finalement la seule chose qui compte, il y a de la beauté absolue parmi les trente morceaux de l’album : notamment les pièces de piano à la Eric Satie. Oui, en une quinzaine de titres, voire une vingtaine peut-être, alors seulement mon avis sur Drukqs serait-il probablement bien différent.
Autant vous dire que chacun de ses quatre premiers albums méritent d’être découverts avant celui-ci, de même que 26 Mixes For Cash, sa double compilation de 2003 officiellement sa dernière sortie avec appellation d’origine contrôlée, toujours chez Warp bien sûr.
Pour clore sur l’Histoire (car là, ce n’est pas une légende), l’Anglais autorisera tout à fait exceptionnellement Kanye West à utiliser une partie sa musique, ce dernier samplant l’une des parties de piano d’Aphex Twin pour son chef-d’œuvre de 2010, My Beautiful Dark Twisted Fantasy.