Grégoire Delacourt (France)
Ma lecture:Il est clairement évident que ma chronique ne sera absolument pas objective vu mon état sentimental proche de la panique d’un ado de 15 ans mais que voulez-vous, même après 40 ans, le cœur a ses raisons que la raison…; c’est aussi cela qui m’oriente pour l’instant vers ce genre de romans qui navigue entre romance et drame… Ma lecture en cours : « Quand souffle le vent du Nord » de Daniel Glattauer. Les connaisseurs comprendront :)
Ceci dit « La liste de mes envies » est pour moi un vrai coup de cœur ; une écriture fine pleine d’ironie, avec Jocelyne qui s’aime malgré ces rondeurs, ces défauts, avec Jo devenu cruel, brutal… Des personnages extrêmement bien construits, des émotions douces amères aussi. Les passages où Jocelyne s’occupe de son père par paquets de 6 minutes sont des grands moments emplis d’humanité et de désespoir.
Il est clair que leurs vies respectives ne sont pas roses mais ils ne sont pas non plus les plus malheureux ; ils sont plutôt proches de nous et cela renforce encore plus l’attachement du lecteur.
C’est aussi une belle réflexion sur les relations, sur le bonheur et le partage.
Refaire le coup de « L’argent ne fait pas le bonheur » est un peu simpliste mais il faut lire entre les lignes et se rendre compte des peurs qui se cachent derrière les indécisions, les non-dits. Jocelyne ne sait pas où son couple va mais elle sait ce qu’elle ne veut plus. Elle est surtout très lucide sur les principaux événements de son existence et sur le probable impact de ce gain inespéré.
Un livre coup de cœur que je relirais sans aucun doute et que je conseillerais volontiers.Le début:« On se ment toujours.Je sais bien, par exemple, que je ne suis pas jolie. Je n’ai pas des yeux bleus dans lesquels les hommes se contemplent ; dans lesquels ils ont envie de se noyer pour qu’on plonge les sauver. Je n’ai pas la taille mannequin ; je suis du genre pulpeuse, enrobée même. Du genre qui occupe une place et demie. J’ai un corps dont les bras d’un homme de taille moyenne ne peuvent pas tout à fait faire le tour. Je n’ai pas la grâce de celles à qui l’on murmure de longues phrases, avec des soupirs en guise de ponctuation ; non. J’appelle plutôt la phrase courte. La formule brutale. L’os du désir, sans la couenne ; sans le gras confortable.Je sais tout ça. »Quatrième de couverture:
Jocelyne, dite Jo, rêvait d’être styliste à Paris. Elle est mercière à Arras. Elle aime les jolies silhouettes mais n’a pas tout à fait la taille mannequin. Elle aime les livres et écrit un blog de dentellières. Sa mère lui manque et toutes les six minutes son père, malade, oublie sa vie. Elle attendait le prince charmant et c’est Jocelyn, dit Jo, qui s’est présenté. Ils ont eu deux enfants, perdu un ange, et ce deuil a déréglé les choses entre eux. Jo (le mari) est devenu cruel et Jo (l’épouse) a courbé l’échine. Elle est restée. Son amour et sa patience ont eu raison de la méchanceté. Jusqu’au jour où, grâce aux voisines, les jolies jumelles de Coiff’Esthétique, 18.547.301€ lui tombent dessus. Ce jour-là, elle gagne beaucoup. Peut-être.Editions JC Lattès (Contemporaine) (2013) - 192 pages