Les personnes les moins attrayantes physiquement sont les premières victimes d’intimidation au travail, explique cette étude de l’Université de Notre Dame, qui compare l’univers professionnel à une cour d’école. Un examen de la littérature intéressant, à découvrir in extenso dans la revue Human Performance, qui appelle, tant que possible à faire tomber les préjugés.
Dès l’école, les enfants attrayants sont considérés comme populaires, les enfants moins favorisés par la nature ou atteints de maladies sont souvent plus vulnérables socialement et victimes d’intimidation. On pourrait imaginer que ce type de comportement disparaisse avec l’âge, il n’en est rien, montrent ici
Timothy Judge, professeur à l’Université de Notre-Dame et Brent Scott de l’Université Michigan State, qui associent l’intimidation professionnelle à l’absence d’attrait physique.
Les chercheurs ont centré leur étude sur les comportements au travail contreproductifs et leurs effets sur les employés. Ils montrent que l’attrait physique -ou son absence- compte beaucoup dans la façon dont un salarié est traité au travail. Cette conclusion est issue à la fois d’un examen fouillé de la littérature mais aussi d’interviews menées auprès d’un échantillon de salariés.
L’absence d’attrait physique et intellectuel est un trait déjà évalué comme négatif et indésirable dans les interactions professionnelles et de nombreuses études ont montré qu’elle pouvait être ressentie par les autres, comme une menace, une provocation, une propension à l’opposition voire à la méchanceté. Ainsi, il est logique et démontré que des employés vont ressentir des émotions plus négatives envers des collègues désagréables. Les recherches citées suggèrent également que la beauté est une caractéristique socialement valorisée, et que les personnes physiquement attrayantes sont jugées par les autres comme plus conviviales, sympathiques, socialement intéressantes. D’autres études ont également suggéré qu’elles sont mieux traitées, bénéficient de plus d’attention et de moins d’hostilité. Contrairement à la croyance populaire, écrivent les auteurs, les effets de l’attractivité dépassent la simple opinion et motivent de véritables actions, y compris en milieu professionnel. Ainsi, une étude a montré que les décisions de promotion et d’embauche favorisaient la beauté. Citons cette autre étude publiée dans l’International Journal of Obesity qui dénonce la discrimination envers les femmes obèses sur le marché de l’emploi.
Les personnes peu attrayantes restent (parfois) victimes de cruauté : Ici, les auteurs ont mené des interviews de 114 salariés d’établissements de santé, portant sur les violences verbales, les moqueries, les reproches vécues au travail. L’attractivité physique de ces 114 salariés a été évaluée par des témoins, via photos, qui ne les connaissaient pas.
La beauté reste une valeur sûre pour la carrière professionnelle : Les personnes peu attrayantes sont souvent victimes de traitements grossiers, impolis et les auteurs parlent même de « cruauté » de la part de leurs collègues. Les personnes attirantes ont une meilleure confiance en soi et une meilleure estime de soi et sont perçues comme plus intelligentes et plus morales. L’étude montre même que les personnes plus attractives « mettent de meilleure humeur ». Si l’attrait physique n’est pas une exigence professionnelle pour la plupart des emplois, ces résultats montrent que l’attrait physique a plus d’influence, même au travail, que nous ne pouvons l’admettre. Il reste donc la « sensibilisation » écrivent les auteurs, pour faire tomber ces préjugés et travailler à réduire leur influence.
Source: Human Performance 14 April 2013 DOI:10.1080/08959285.2013.765876Beauty, Personality, and Affect as Antecedents of Counterproductive Work Behavior Receipt
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