Ces experts de l’Institut Mind de l’Université de Californie Davis viennent d’identifier un nouveau facteur de risque d’autisme sur un groupe d’enfants. Il s’agit d’anticorps spécifiques qui ciblent les protéines du cerveau et empêchent le cerveau du fœtus de se développer normalement. Présents au départ dans le sang de la mère, ces anticorps jouent un rôle dans l’étiologie d’une forme d’autisme, appelée par les chercheurs « autisme MAR » pour « Maternal Autoantibody-Related ». Cette importante découverte, présentée dans la revue Translational Psychiatry apporte non seulement un biomarqueur pour le diagnostic précoce de cette forme d’autisme mais aussi une cible pour le développement de médicaments.
Les chercheurs de l’UC Davis ont en fait identifié des antigènes cibles de ces anticorps maternels liés à l’autisme et montrent que les mères d’enfants autistes sont 21 fois plus susceptibles d’avoir ces anticorps spécifiques qui réagissent avec ces antigènes. De plus, ces combinaisons spécifiques d’anticorps « MAR » ne sont pas identifié dans le sang des mères dont les enfants présentent un développement normal.
7 antigènes de l’autisme : L’équipe de Judy Van de Water, chercheur et immunologiste à l’Institut MIND avait déjà constaté que les femmes présentant certains anticorps dans leur sang sont plus à risque d’avoir un enfant diagnostiqué avec l’autisme, que ces enfants présentaient les retards de langage les plus graves, des troubles de l’humeur et des comportements d’automutilation que ne présentent pas systématiquement tous les enfants autistes. Ici, les chercheurs ont analysé des échantillons de sang de 246 mères d’enfants atteints d’autisme et d’un groupe témoin de 149 mères d’enfants non autistes afin d’évaluer leur réactivité avec les candidats-antigènes. Ils constatent que 7 antigènes sont plus réactifs dans le sang des mères d’enfants atteints d’autisme et que les mères présentant ces anticorps ont un risque triple d’avoir un enfant présentant un trouble du spectre autistique. Certaines combinaisons s’avèrent « typiques » et sont identifiées chez 23% des mères concernées vs 1% chez les mères témoins.
Que se passe-t-il ? Ces anticorps maternels passent à travers le placenta pendant la grossesse et peuvent être détectés chez un fœtus dès 13 semaines. De 30 semaines, les taux d’anticorps maternels chez le fœtus sont à peu près 50% de ceux de la mère, et à la naissance leur concentration est plus élevée chez le nouveau-né que chez la mère. Les anticorps maternels restent dans la circulation sanguine du bébé durant 6 mois après la naissance puis le système immunitaire du bébé prend le relais. Une fois dans le sang du fœtus, les anticorps pénètrent dans le cerveau et attaquent les cellules cérébrales dont certaines protéines agissent comme des antigènes. Cette réponse antigène-anticorps est dirigée contre l’organisme lui-même, comme dans une maladie auto-immune.
Il s’agit donc d’un biomarqueur majeur du risque et d’une opportunité pour cibler les interventions de manière plus efficace. Ainsi, la mise au point d’un test de diagnostic de l’autisme MAR, pourra être mis à la disposition des mères de jeunes enfants qui présentent des signes de retard de développement. Si le test est positif, une intervention comportementale précoce sera alors envisagée. Le test pourrait même être « élargi » à l’évaluation du risque chez une mère qui a déjà un enfant atteint d’autisme et souhaite concevoir à nouveau.
Sur le plan du traitement, l’administration de bloqueurs d’anticorps à la mère pendant la grossesse pourrait permettre de protéger le cerveau du fœtus en développement.
Source: Translational Psychiatry doi:10.1038/tp.2013.50 online 9 July 2013Autism-specific maternal autoantibodies recognize critical proteins in developing brain (Video@UC Regents)
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