Une comédie de Eleni Laiou et Patrick HernandezDirection d’acteurs : Emmanuel GuillonAvec Elena Laiou (Pauline, la voisine), Tadrina Hocking (La libido), Alexandre Pesle (Antoine)
L’histoire : Antoine est un écrivain devenu célèbre grâce à ses théories sur l’abstinence. Lorsqu’il déménage dans son nouvel appartement parisien, il tombe sur sa nouvelle voisine, une tornade envahissante, sensuelle et pleine de vie, qui réveille sa libido endormie… Plus il tente de lui résister, plus sa libido se rebelle, allant jusqu’à s’incarner dans le corps d’une « madame sans-gêne » délirante qui, dans un langage très fleuri, exprime toutes les pensées refoulées d’Antoine sur le sexe !
Mon avis : Définition du Petit Larousse, la libido est l’« énergie de la pulsion sexuelle », et on peut y lire entre parenthèses qu’elle : « peut s’investir sur le moi ou sur un objet extérieur »… Cette dernière partie sera d’ailleurs vérifiable vers le milieu de la pièce, « l’objet » en question étant matérialisé par… un bonnet péruvien !Tout, en effet, est contenu dans le titre de cette comédie. La (très) bonne idée des auteurs est d’avoir personnalisé la fameuse libido et de la représenter par une superbe et pétillante jeune femme. Et le « s » de « conversations » est également important car il va s’instaurer un véritable dialogue entre Antoine, écrivain prônant les vertus de l’abstinence, et sa libido, en jachère depuis plusieurs années, et donc affreusement en manque de sollicitation.
J’ai eu un peur au début de la pièce lorsque la voisine fait irruption dans l’appartement d’Antoine. C’est une tornade qui déboule chez lui en robe courte et pigeonnante. Excessive, surexcitée, aguicheuse, la voix haut perchée, le débit torrentiel, la gestuelle trop appuyée… C’est madame sans-gêne dans Sept ans de réflexion ! Cette effervescence forcée ne m’était pas agréable à voir et à entendre. Heureusement, elle était contrebalancée par le stoïcisme désemparé d’un Antoine très élégant dans son costume-cravate de velours.Une fois cette entrée en matière tonitruante passée, on commence à s’amuser de son accent et de ses fautes de français que reprend systématiquement de volée notre écrivain. Les dialogues se font plus vifs et plus sensés, incluant ça et là quelques jolies formules qui font mouche…
Et puis, à l’instar ce cette envahissante voisine, c’est l’irrationnel qui fait irruption dans la pièce avec l’intrusion d’un personnage a priori virtuel mais très charmant à regarder : la libido d’Antoine. Au moment où elle se concrétise sur scène, la comédie franchit un palier et on commence à s’amuser vraiment. D’autant qu’intervient un stratagème, souvent employé certes, mais toujours très efficace : Antoine est le seul à voir et à entendre sa libido alors qu’elle n’existe pas pour Pauline. Cet état de fait est bien entendu source de nombreux quiproquos et de dialogues farfelus. S’en suivent, sur un rythme soutenu, des répliques ping-pong, réglées au cordeau.
Bref, Conversations avec ma libido, est une pièce gentiment coquine que l’on pourrait sous-titrer « Les jeux de l’amour et de l’avatar »…