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Oncle Paul reprend du service

Publié le 18 juillet 2013 par Corboland78

Vacances scolaires obligent, l’oncle Paul s’était retrouvé une fois encore mis à contribution pour occuper les gamins durant une partie des longs mois d’été. Confortablement installé dans son fauteuil, dans la grande salle plongée dans la pénombre grâce aux volets tirés, sa pipe bourrée et sa femme restée au jardin – à moins que ce ne soit l’inverse – il se préparait à nous conter une histoire à la con dont il avait le secret. Après quelques toussotements pour s’éclaircir la voix et créer l’ambiance, il attaqua.

Aujourd’hui mes enfants, je vais vous raconter une histoire de famille qui va nous emmener aux Amériques. Là où que y a les Indiens ? s’exclama l’un de nous. Tout à fait, répondit ravi le narrateur, comblé de constater que les gamins à l’imagination rapide n’allaient pas déparer dans le tableau familial.

Reprenant le cours de son récit à peine entamé, il poursuivit. Vous me connaissez en tant que votre oncle Paul et peut-être pensez-vous n’avoir qu’un seul oncle. Il est temps que je vous parle de vos autres parents, oncles aussi, partis explorer le vaste monde. A voir nos regards étonnés, l’homme à la pipe constata avec satisfaction notre intérêt croissant.

Il est possible que vous ayez surpris des échos de nos conversations entre adultes parlant de votre oncle d’Amérique et il est vrai qu’un des frères de votre mère, parti très jeune de la maison pour un tour du monde en mobylette, s’est finalement fixé aux Etats-Unis où il a fait fortune sans que l’on sache très bien comment. Il ne nous a jamais plus donné signe de vie et les rares fois où nous en avons, c’est par de courts articles dans le magazine Forbes qui le classe parmi les trente plus grosses fortunes du pays. C’est tout ce que je peux vous dire de votre oncle Picsou. Un oh ! muet autant qu’estomaqué s’échappa de toutes les gorges de l’auditoire.

Il était dit que ce pays serait comme un aimant pour la fratrie de vos parents quand je vous aurai révélé que l’oncle Sam s’y établit avec tant de convictions qu’il reste persuadé aujourd’hui encore, d’être un américain pure souche. Là, l’oncle Paul fit un break, pour rester dans le contexte linguistique. Crachota dans son mouchoir et ralluma sa pipe. Hum ! Hum ! On le sentait gêné aux entournures quand il reprit la parole.

Je dois maintenant aborder un point de l’histoire de notre famille, assez complexe et dont je ne suis pas certain que vos parents seraient heureux d’apprendre que je vous en ai parlé. Votre père est breton, son père tout autant et son grand-père aussi et aussi loin qu’on remonte dans l’arbre, il en a toujours été ainsi. Sa mère est bretonne elle aussi et pourtant, deux de ses fils, comment vous dire, ne semblaient pas issus du même moule à kouign amann que leurs autres frères. Ou alors il y avait eu erreur sur le temps de cuisson. Envoyés en pension très tôt et très loin, ces oncles à la mode de Bretagne, dès qu’ils le purent émigrèrent vers la statue de la Liberté.

L’un d’eux s’est casé très rapidement, votre oncle Tom, et on n’en a plus jamais entendu parler encore que certains disent avoir lu quelque chose sur lui. Mais rien n’est prouvé. Quant à l’autre, un gros bosseur rigolard ayant roulé sa bosse, il a réussit dans l’agriculture, c’est l’oncle Ben’s. J’en vois qui rient, pourtant c’est la stricte vérité.

Ces révélations sensationnelles avaient créé dans l’assemblée recroquevillée aux pieds de l’oncle Paul un sentiment mêlé de stupeur et d’interrogation, de crainte et de joie. L’avalanche de détails croustillants sur ces branches inconnues de l’arbre familial clouait le bec des plus forts en gueule. Une fois n’était pas coutume songea l’oncle dont le front songeur trahissait néanmoins une appréhension naissante. Quand tout cela reviendra aux oreilles des parents, si ce n’est demain ce sera un jour prochain inévitablement, il allait en prendre pour son grade. Pour sûr, il allait finir en tonton flingué.  

Vacances scolaires obligent, l’oncle Paul s’était retrouvé une fois encore mis à contribution pour occuper les gamins durant une partie des longs mois d’été. Confortablement installé dans son fauteuil, dans la grande salle plongée dans la pénombre grâce aux volets tirés, sa pipe bourrée et sa femme restée au jardin – à moins que ce ne soit l’inverse – il se préparait à nous conter une histoire à la con dont il avait le secret. Après quelques toussotements pour s’éclaircir la voix et créer l’ambiance, il attaqua.

Aujourd’hui mes enfants, je vais vous raconter une histoire de famille qui va nous emmener aux Amériques. Là où que y a les Indiens ? s’exclama l’un de nous. Tout à fait, répondit ravi le narrateur, comblé de constater que les gamins à l’imagination rapide n’allaient pas déparer dans le tableau familial.

Reprenant le cours de son récit à peine entamé, il poursuivit. Vous me connaissez en tant que votre oncle Paul et peut-être pensez-vous n’avoir qu’un seul oncle. Il est temps que je vous parle de vos autres parents, oncles aussi, partis explorer le vaste monde. A voir nos regards étonnés, l’homme à la pipe constata avec satisfaction notre intérêt croissant.

Il est possible que vous ayez surpris des échos de nos conversations entre adultes parlant de votre oncle d’Amérique et il est vrai qu’un des frères de votre mère, parti très jeune de la maison pour un tour du monde en mobylette, s’est finalement fixé aux Etats-Unis où il a fait fortune sans que l’on sache très bien comment. Il ne nous a jamais plus donné signe de vie et les rares fois où nous en avons, c’est par de courts articles dans le magazine Forbes qui le classe parmi les trente plus grosses fortunes du pays. C’est tout ce que je peux vous dire de votre oncle Picsou. Un oh ! muet autant qu’estomaqué s’échappa de toutes les gorges de l’auditoire.

Il était dit que ce pays serait comme un aimant pour la fratrie de vos parents quand je vous aurai révélé que l’oncle Sam s’y établit avec tant de convictions qu’il reste persuadé aujourd’hui encore, d’être un américain pure souche. Là, l’oncle Paul fit un break, pour rester dans le contexte linguistique. Crachota dans son mouchoir et ralluma sa pipe. Hum ! Hum ! On le sentait gêné aux entournures quand il reprit la parole.

Je dois maintenant aborder un point de l’histoire de notre famille, assez complexe et dont je ne suis pas certain que vos parents seraient heureux d’apprendre que je vous en ai parlé. Votre père est breton, son père tout autant et son grand-père aussi et aussi loin qu’on remonte dans l’arbre, il en a toujours été ainsi. Sa mère est bretonne elle aussi et pourtant, deux de ses fils, comment vous dire, ne semblaient pas issus du même moule à kouign amann que leurs autres frères. Ou alors il y avait eu erreur sur le temps de cuisson. Envoyés en pension très tôt et très loin, ces oncles à la mode de Bretagne, dès qu’ils le purent émigrèrent vers la statue de la Liberté.

L’un d’eux s’est casé très rapidement, votre oncle Tom, et on n’en a plus jamais entendu parler encore que certains disent avoir lu quelque chose sur lui. Mais rien n’est prouvé. Quant à l’autre, un gros bosseur rigolard ayant roulé sa bosse, il a réussit dans l’agriculture, c’est l’oncle Ben’s. J’en vois qui rient, pourtant c’est la stricte vérité.

Ces révélations sensationnelles avaient créé dans l’assemblée recroquevillée aux pieds de l’oncle Paul un sentiment mêlé de stupeur et d’interrogation, de crainte et de joie. L’avalanche de détails croustillants sur ces branches inconnues de l’arbre familial clouait le bec des plus forts en gueule. Une fois n’était pas coutume songea l’oncle dont le front songeur trahissait néanmoins une appréhension naissante. Quand tout cela reviendra aux oreilles des parents, si ce n’est demain ce sera un jour prochain inévitablement, il allait en prendre pour son grade. Pour sûr, il allait finir en tonton flingué.  


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