Dans cette petite banlieue bourgeoise des Etats-Unis, entre pelouses entretenues, aimable cordialité, et sourires éclatants Hannah a décidé de tout dire et de mettre les protagonistes face à leurs responsabilités dans son acte. Une revanche d’outre-tombe qui glace le sang. Clay est terrifié par la tâche qui l’attend. Il écoute les cassettes en parcourant les lieux dont elle parle. Hannah dit tout : ses peurs, ses joies, ses colères. Elle parle, elle crie, elle chuchote, elle chante, elle n’épargne rien ni personne. Clay aimait Hannah, l’écouter n’en ai que plus douloureux. Les autres ressentirons de la culpabilité, de la honte, de la haine mais lui c’est de la tristesse et une peine infinie qui l’envahie. Il écoute impuissant la lente descente au enfer d’Hannah, il découvre comment certains actes anodins ont pu la blesser, il souffre de n’avoir rien vu, de d’avoir rien pu faire. Il découvre comment la spirale c’est mise en route, des petites vexations quotidiennes au drame l’ayant conduit au suicide.
Ce livre m’a pris aux tripes, nous sommes mis face au récit d’outre tombe d’Hannah et savons que chaque mots relatés, chaque plaisanteries douteuses, chaque ingratitude l’a poussé un peu plus vers la mort. Nous assistons à la souffrance de Clay et les passages où il donne sa version des faits brisent le cœur. Que d’incompréhension, de malentendu, d’acte manqué ! Sarah s’adresse à chaque protagoniste, elle lui détaille quel est la pierre qu’il a mis à l’édifice de son suicide. Cela nous renvoi forcement à nos histoires personnelles : nous connaissons tous des gens qui ressentent du mal-être sans que l’on comprenne bien pourquoi, et sans aller dans les extrêmes, on prend la mesure ici du mal que peuvent provoquer « des petites phrases », des blagues de potaches…. Là où nous pensons nous en sortir d’un simple : c’est bon, je rigole….
Tout au long de la lecture j’ai eu envie de hurler à Hannah : ne fait pas ça ! Reste en vie ! Tu n’es pas seule !
Je reste sur une interrogation : Est-ce que l’élément dramatique survenu peu avant sa mort l’aurait conduit au suicide sans les "petites" vexations , les rumeurs de lycée à son sujet, les brimades… ? Hannah a analysé ce drame comme la preuve que sa vie ne valait pas d’être vécue, comme l’ultime prétexte justifiant de mourir.
Ce livre est catégorisé comme de la littérature pour "young adult" et je remercie vraiment Jérémie de me l’avoir offert car je ne serai pas aller vers ce genre de littérature de prime abord.
♦ Treize raisons de Jay Asher
Traducteur : Nathalie Peronny
Éditeur : Le Livre de Poche
ISBN : 978 2 01 323396 5
Parution : juin 2012
Pages : 6,90 €
Prix : 8,10 €