Et tous les béats d’applaudir de concert pour masquer de la clameur de leurs enthousiasmes le bruit des affaires qui se dévoilent inexorablement dans le temps présent des révélations. La réalité pourtant ne fait pas de compromis avec le théâtre d’esbroufe que la caste des dominants tente à nouveau de mettre en lumière artificielle. Affaire Tapie, affaire Karachi, affaire Bettencourt, affaire Kadhafi, rejet des comptes truqués de campagne … l’étau se resserre de toute part obligeant le loup à sortir du bois dans une transfiguration de circonstance en brebis sacrificielle.
L’imminence des mises en examens et la nécessité de faire payer à l’UMP ses dettes de campagne sont les raisons véritables du retour de l’homme providentiel sur la scène du théâtre politique. Seul ce retour précipité peut lui permettre dans un coup double magistral de ne pas répondre de ses dettes et de se soustraire aux actions de la justice.
Soumise à son ancien maître, le parti en déroute a déjà lancé une quête auprès de ses ayant-droits et auprès de ses brebis fidèles qui acceptent toujours de se faire tondre, formatées qu’elles sont par le concept de rédemption par la souffrance. Payer pour les autres et pour racheter des fautes qu’elles n’ont pas commises est ancré dans le paysage judéo-chrétien des électeurs de l’UMP. Des millions d’euros en quelques jours, c’est encore plus performant et moins fatiguant que de faire des conférences à 100 000 dollars de l’heure !
Pour ce qui est de faire obstacle à la justice, c’est le recours à l’immunité parlementaire qui apparait comme l’ultime bouclier permettant d’éviter de rendre des comptes. Les élections européennes approchent et notre ancien président a encore dans l’enceinte du parlement européen de nombreux amis, plus ou moins compromis dans la même soupe politique, qui mettront tout leurs poids à soutenir leur allié passé et futur. Il y a très fort à parier que Nicolas Sarkozy se lancera, dans l’urgence des affaires qui le talonnette, en tête de liste dans la campagne européenne à venir afin de se garantir l’immunité tant convoitée. Pari à cent contre un !
Ainsi va le monde de fausse démocratie et de vraie oligarchie dans lequel nous vivons de gré ou de force. Nous ne pouvons rien y changer puisque nous acceptons de déléguer notre pouvoir personnel à des « représentants du peuple » qui ne représentent qu’eux mêmes, leurs intérêts et leurs partis pris. Attirés par les paillettes du show politique, par les fausses facilités et les fausses efficacités de la représentation parlementaire, l’illusion enchantée « d’un jour mon prince viendra », le citoyen est relayé au rang des vaches qui regardent benoitement passer les trains de mesures austéritaires qui l’anémient surement pour une mort cérébrale lente et sans douleur.
Erik GRUCHET