"Benjamin Siksou pose ses "valises blues" dans le Off
Avignon / Publié le mercredi 17 juillet 2013 à 12H55
L'ex-finaliste de la Nouvelle Star chante la musique qu'il aime au théâtre du Roi René
Photo : Jérôme Rey Pour son premier festival Off, le chanteur et comédien prochainement à l'affiche de "La vie d'Adèle" (palme d'or à Cannes) promène son blues sur les pas de Ray Charles et Robert JohnsonChanter un gospel dans un lieu comme la chapelle du Roi René ouvert en 2009 par Hélène Zidi-Chéruy (fille de Claude Zidi), Benjamin Siksou en est encore tout émerveillé.
Depuis le 8 juillet, le chanteur et comédien qui joue dans le dernier film d'Abdellatif Kechiche consacré au dernier festival de Cannes y présente chaque soir, avec deux musiciens complices "Valise blues". Un spectacle tout spécialement créé pour le Festival dans lequel il revisite Robert Johnson, les Rolling Stones, Ray Charles, Elmore James et Louis Armstrong
Comment est née cette petite histoire du blues que vous racontez sur scène en alternant texte et chansons ?
Benjamin Siksou : De mon désir de jouer au Festival et précisément dans ce lieu
que j'ai découvert l'année dernière en venant voir "La Mouette" d'Hélène Zidi-Chéruy qui est une amie. J'ai trouvé l'acoustique incroyable et
quant à être à Avignon, je me suis dit autant faire quelque chose d'original et pas seulement un concert.
Pourquoi le blues ?
B.S : C'est mon influence principale et c'est une musique qui me
touche au plus profond. Elle a quelque chose d'universel qui n'a rien à voir avec la couleur de peau et le vécu. Comme je le dis dans le spectacle, cette musique, c'est toujours la même chose,
trois accords... et pourtant ça ne l'est jamais vraiment. C'est pour ça que je parle de cadavre exquis. Dans ces trois accords, chacun y met ce qu'il veut. C'est pas une musique d'auteurs comme
le jazz, mais d'interprète. Le texte du spectacle est parti de tout ça. Et à partir du moment où j'ai pris la décision de venir jouer cette année, tout est venu assez facilement et avec une
grande cohérence.
Vous avez une certaine habitude de la scène. Qu'est qui est différent à Avignon ?
B.S
: Cette ébullition créatrice qu'il y a partout, c'est à la fois très inédit et très excitant. Jouer tous les soirs comme ça et aller chercher les gens dans la rue pendant la
journée, ça ne m'était jamais arrivé. C'est d'ailleurs là aussi très cohérent avec le spectacle et l'histoire de ces bluesmen qui chantaient dans la rue.
On sent une vraie complicité avec vos musiciens. Ont-ils participé à l'élaboration du spectacle ?
B.S : Je joue avec eux depuis plus de deux ans et je me suis tout de suite dit, c'est avec eux qu'il faut que je le fasse. Ils ont apporté leur touche
personnelle, proposé des morceaux. Encore une fois, c'est une musique d'interprète et c'est un peu leur spectacle aussi.
Depuis 2007 avec "Largo Winch", vous menez en parallèle une carrière au cinéma. C'est aussi important que la
musique ?
B.S : Le cinéma est venu d'un coup et un peu sur le tard. À la grande différence de la musique c'est qu'on vous
choisit. Mais c'est ça qui est agréable, se laisser porter par la volonté du metteur en scène. Il y a des rencontres aussi comme en 2009 avec Claude Chabrol sur le court-métrage "A
Bicyclette" de Jean Douchet dont j'ai aussi composé la
musique, un cadeau ; je me sentais plus spectateur qu'acteur.
Vous avez tourné également dans "La Vie d'Adèle", palme d'or 2013 à Cannes ?
B.S : Ça a été un tournage totalement inédit. Je suis arrivé à Lille sur le plateau les mains dans les poches pour passer un second essai mais, au
final, Abdellatif Kechiche m'a dit "on y va". J'ai tourné toute la journée et
le soir, je suis allé m'acheter une brosse à dent et une paire de chaussettes parce qu'on continuait le lendemain. On ne pouvait pas prévoir le succès de Cannes ; par contre, je n'ai jamais
ressenti une telle intensité et une telle émulation sur un plateau.
La Nouvelle Star, c'était il y a cinq ans. Ça vous énerve qu'on vous en parle encore ?
B.S
: Ça ne me dérange pas du tout. C'est aussi pour ça qu'on s'intéresse à moi et j'ai pas à rougir de ça. Je suis conscient que je n'ai jamais fait quelque chose d'aussi fort
médiatiquement. Et je fais d'autres trucs.
Vos projets justement, quels sont-ils ?
B.S : Il y a cet album que je prépare
depuis cinq ans (rires). Ce sera un album de chanson française. Ça prend du temps de trouver son style mais il est pratiquement terminé et devrait sortir début d'année prochaine.
"Valises Blues" avec Joseph Robinne (saxophone, clarinette), Peter Corser (piano, accordéon), jusqu'au 31 juillet, 21h50, théâtre du Roi René, rue Grivolas. 04 90 82 24 35."
Recueilli par Nathalie Varin