Jeudi et je n’ai encore rien fait. Mon Dieu que c’est difficile en ce moment. Je regarde la lumière printanière napper comme du miel la maison d’en face. Il fait presque chaud. Enfin, l’hiver se termine et les ténèbres reculent. Des bourgeons s’apprêtent à éclater en feuilles tendres et vives nourries de sève active, portées par la volonté de conquérir l’espace. Des fleurs, partout. Roses, rouges, jaunes, des violettes et autres, un arc-en-ciel, enfin, qui se dévoile dans le printemps. Le camélia ne demande qu’à se parer de cocardes blanches des mariages joyeux. La vie, partout, pour tous, se développe. Les animaux qui sortent au grand jour, les oiseaux qui chantent, tentent de faire leurs nids. La vie, oui, partout, pour tous. On doit croire et espérer qu’elle revient. Qu’elle restera, partout, pour tous. Et pourquoi donc est-ce que je me sens coupable? Je n’ai plus d’espoir. Je ne me sens pas en empathie avec cette joie de la nature qui se renouvelle pour mourir dans quelques mois. Il y aura des arbres morts, et on se cachera du froid. Les plus faibles périront. Et puis le chat a attaqué le nid des merles et s’est délecté des oisillons.