Amber Heard for “Bullett Magazine”, by Harper Smith
J’aime archiver, relire, ressentir les souvenirs et les émotions d’époques révolues. Les mots couchées semblent avoir été pensés, alignés par quelqu’un d’autre. C’est comme ouvrir un album photo et rire devant sa propre dégaine so old-fashioned.
Ca va faire presque 10 ans que je blogue. Ce blog est devenu de moins en moins intime. Le divan s’est transformé en machine à café autour de laquelle je raconte ce qui me passe par la tête au lieu d’inonder cet espace de râles et d’exaspération. Beaucoup moins de lamentations, beaucoup plus de moments plaisants et d’expériences à partager.
Les amis, les collègues, la famille étant passés par ici, les mots se sont édulcorés, apaisés. Je pensais m’aigrir avec l’âge mais finalement je suis beaucoup plus sereine. Etonnament à l’approche des 30 ans, je vis sans doute la période la plus douce et la plus heureuse de ma vingtaine. Mieux vaut tard que de ne jamais aimer mes 20 ans.
La réponse que je cherchais il y a 8 ans dans le post qui suit est oui.
En relisant ca, j’avais envie de me dire: pète un bon coup ma chérie.
Le 17 juillet 2005 j’écrivais ça.
I wish I could be a better girl
Au fil des années, il semble que tout perd un peu de sa magie. Les Noël, les anniversaires, les surprises, les amitiés, les romances. Désanchantée je suis. Les battements de coeur ne sonnent plus comme des tambours mais des chuchotements endormis. Le long des rues de la ville qui changent, je me revois petiote et rêvant d’une vie d’adulte heureuse, sans nuage. L’insouciance s’est envolée. Même celle des premiers amours durant lesquelles être aux côté du prince charmant suffisait à déclencher des émotions mystérieusement palpitantes. Qu’est ce qui s’est sauvé entre temps ? La vapeur des premiers émois, la douceurs d’un rêve. Tant que l’on ne fait que rêver, la vie semble douce. Au fur et à mesure, le voile se lève sur la réalité et l’on tente de sortir du songe pour ne pas en souffrir. Tout ce bonheur mièvre si tendre et si réconfortant. Argh. Je tente de me raccrocher à quelques larmes de bonheur, par exemple cellse de mes 11 ans. Au hasard d’un souvenir aussi réconfortant qu’une bouchée de marshmallows. Je n’aurais pas dû idéaliser l’avenir. Parfois je me demande combien de miroirs j’ai brisé pour récolter autant de chagrin. Je trouve que je me plains trop. Mon enfance m’a pourrie gatée. Elle n’aurait pas dû être aussi heureuse. Je ne me sens pas aujourd’hui d’attaque à affronter toutes les tempêtes de la vie d’adulte. Est-ce que j’arriverai à devenir résiliente un jour. Ne plus me laisser abattre, mais pouvoir me relever encore plus forte. Et tous ces gens, derrière leurs mots, l’air d’être forts, d’être invincibles, ils sont aussi fragiles que moi. Tous les humains sont fragiles. Les uns le laissent paraître; les autres se cachent derrière ce qu’il peuvent. Après tout, je n’ai pas envie de me cacher. Je suis nue derrière mes rires.