Musée des beaux-arts de Montréal
Le verre soufflé élevé au niveau d’un grand art
Cette fois, on ne va pas reprocher au Musée des beaux-arts de Montréal d’être trop sérieux et inaccessible. En effet, avec l’exposition «Chihuly, un univers à couper le souffle», il nous offre une explosion de couleurs aussi pures et sans arrière-pensées que celles des enfants. Ce qui domine ici, cette fois, c’est le bonheur simple de la créativité et de l’énergie exprimée par les formes, le mouvement et la lumière.
Normand Charest – chronique Valeurs de société – dossier Culture
Pour les enfants de tous âges
Les enfants sont nombreux parmi les visiteurs aujourd’hui, et je vois l’émerveillement spontané dans le visage d’un jeune garçon à côté de moi. Comme eux, je suis frappé par la grandeur des œuvres et par l’effet de la lumière sur le verre.
Chihuly, l’artiste au cœur de cette exposition, est comme un enfant auquel on aurait donné de grands moyens et qui les utilise sans barrières, sans théories et sans avoir besoin d’expliquer son travail de manière conceptuelle.
Au lieu d’une feuille et d’une boîte de crayons, il a à sa disposition du verre à souffler de toutes les couleurs, de grands fours et tout un étage de musée pour exposer ses œuvres. Chihuly est passionné par son travail et son enthousiasme est communicatif. Les enfants sont les premiers à le ressentir.
Dès l’entrée, en gravissant l’escalier de marbre de l’ancien édifice, les couleurs solaires du verre nous éclairent. Sur le palier, de hautes tiges bleues font contraste. Dans la plupart des salles, la lumière qui éclaire le verre est mise en valeur par les murs noirs.
«À couper le souffle»
La première salle où j’entre me jette à terre, comme dit l’expression. Elle compte 28 grands vases, installés à diverses hauteurs, et porte le titre général de «Forêt de Macchia». Ces vases font penser à de grandes fleurs, plissées de manière irrégulière et naturelle. Chacun nous offre des couleurs différentes, dont les nuances n’envient rien aux meilleurs tableaux. Je pourrais rêver longtemps devant un seul de ces vases.
L’expression «à couper le souffle» qu’on a utilisée dans la publicité est parfaitement appropriée et on ne saurait trop souligner la virtuosité, la variété, la beauté des formes, des couleurs et des installations.
Féérique
Une autre salle, nommée «Plafond persan», nous réserve une belle surprise par son plafond transparent sur lequel on a empilé des vases et des objets de verre aux couleurs variées (une centaine), éclairés par le haut. La lumière traverse les différentes couches de verre coloré, puis descend sur les murs blancs et sur nous de manière totalement féérique. On peut d’ailleurs se coucher par terre pour admirer, puisque l’on a disposé quelques larges coussins pour le faire. Cela nous fait penser à une sieste sous un arbre dont le feuillage est traversé par le soleil d’été.
Chihuly est né en 1941 à Tacona, dans l’État de Washington. Il a étudié le design d’intérieur, la sculpture, la céramique et le verre soufflé qu’il a élevé au sommet des beaux-arts, comme le montre cette exposition. Par les formes il est un fameux sculpteur, mais par son utilisation de la couleur il est un grand peintre. Il écrit d’ailleurs :
Je suis obsédé par la couleur – je n’en ai jamais vu que je n’aimais pas.
On trouvera à la fin de l’exposition l’habituelle boutique de souvenirs : des livres, des cartes, des calendriers pour tous… mais aussi, pour les amateurs sérieux, de véritables vases du studio Chihuly, plus petits que ceux de l’exposition, avec des prix sur l’étiquette dans les trois ou cinq mille dollars.
Expositions permanentes : beauté durable
Le Musée présente aussi plusieurs expositions permanentes gratuites. On peut y voir des tableaux anciens qui ont toujours quelque chose à nous apprendre : que ce soit par leur composition, la touche du pinceau, le dessin ou le jeu de la lumière et de l’ombre. Et peu importe que le tableau soit figuratif ou abstrait.