Refuge de la Valette/ refuge du Lac du Lou
48 kms et 2900m positifs.
Après une nuit où le sommeil fut très difficile à trouver- pour ne pas dire introuvable- et même une petite promenade nocturne collective vers 2h du matin (pour admirer la voûte céleste dominant les cimes... et prendre de l'eau car je suis totalement déshydraté), le petit déjeuner est le bienvenu pour tenter de recharger nos batteries (les nôtres, pas celles de nos engins électriques car le courant est très faible ici...). Dernière discussion avec Sylvie, qui garde ce beau refuge depuis 1985, et nous voilà reparti à travers le parc national de la Vanoise, qui fête quant à lui ses 50 ans.
C'est dans un paysage typique de ce joyau naturel que nous marchons ce matin: de nombreux cours d'eau, le vert des alpages, les montagnes et les glaciers nous entourent. Beaucoup de marmottes, qui se réveillent et sifflent, un chamois au loin. Je marche d'abord en tête avec Christophe, puis nous attendons le reste de la troupe avant d'aborder l'ascension du col du Mône, tout près du Petit Mont-Blanc.
Nous avalons cette belle montée bien régulière à un bon rythme. Caro donne le tempo. Le soleil est au firmament, la lumière est spécialement belle.
Le décor reste très beau, de verts alpages parsemés de lacs, une montagne calme et hospitalière, jusqu'au refuge des lacs Merlet, où nous nous accordons une pause déjeuner bien méritée. Il fait chaud, ce qui n'arrange pas notre effort de marcheur.
Après un petit col qui remonte à peine, nous descendons vers le refuge du Saut, lui aussi en travaux. Là, le paysage change complètement. Un vaste plateau, le vallon du Lou, s'étend devant nous. La montagne est plus grise autour, le minéral revient en force. C'est assez austère.
Arrivés au chalet de la Plagne, Caroline et Xavier nous quittent, c'était prévu. Elle doit accompagner un groupe sur une reconnaissance de la "CCC" la semaine prochaine. On se dit au revoir et c'est donc à quatre que nous poursuivons l'aventure.
Une grosse montée nous attend. C'est assez abrupt et le soleil y tape dur. Le col du Vallon ne me parait pas des plus agréable, à vrai dire. Au sommet, nous poursuivons par un chemin tracé, plus ou moins dans des éboulis. Des névés qui ne me disent pas grand chose subsistent, puis enfin le chemin se perd complètement, à l'approche des pistes de Val-Thorens.
Nous descendons donc une piste pour rejoindre la dernière ascension du jour, également sur une piste, le Col de la Chambre, qui culmine tout de même à 2786m. La pente est très régulière mais forte, le paysage est loin d'être aussi beau que ce matin. C'est assez dur. Arrivés en haut, il ne nous reste plus qu'à descendre d'autres pistes, dans une montagne ravagée par l'or blanc et ses buldozzers. Un passage obligé, mais après tout cela fait aussi partie des Alpes françaises.
Parvenus à Val-Thorens, nous prenons un instant pour nous ravitailler à la superette et nous refaire une petite santé avant d'entamer le dernier tronçon du jour.
Un joli petit chemin empierré nous conduit tranquillement, à travers un paysage redevenu fleuri et aimable, jusqu'au lac du Lou. Les eaux bleues où se reflètent les montagnes sont un bien beau lieu d'arrivée.
Il est près de 19h30 quand nous parvenons au refuge où nous attendent Alberto, le gardien et son aide tibétain Yangste. Le bâtiment, qui doit dater du XVIIIe, a d'ailleurs des allures de lodge népalais. Les chevaux du vent y flottent sur le toit. Le confort est spartiate, mais la douche prise dans le petit cabanon-toilette fait du bien. Et l'accueil est chaleureux, montagnard et sympathique.
Nos discussions sont variées et intéressantes. Alberto est très concerné par ce Grand Tour de la Tarentaise, il a contribué au tracé du chemin que nous prendrons demain. Yangste, très discret, parle tout de même un peu. Il accompagne des groupes de trekking au Ladahk et au Zanskar, et peint avec talent des tableaux d'inspiration bouddhiste. Si vous passez par le refuge du Lou, vous pouvez lui en acheter.
La soirée s'achève en dégustation de bons vins, Alberto s'y connait, et de délicieux fromages locaux. J'ai vraiment l'impression d'être en voyage, même si je suis tout près de mon lieu d'habitation. Nous allons cependant, pas trop tard car deux jours de marche nous attendent encore, essayer de trouver le marchand de sable dans le calme de ces lieux.
SAMEDI 13 JUILLET.
REFUGE DU LAC DU LOU/ VALMOREL.
45 kms, 2300 m+.
Nous commençons notre journée, après un bon petit déjeuner bien sûr, par une montée assez marquée, qui surplombe le lac du Lou, avant d'aborder une zone moins pentue. Nous doublons ainsi plusieurs petits lacs. Le soleil finit de se lever avec nous, en éclairant ces zones humides.
Nous traversons ensuite un plateau très sauvage, par un sentier assez bien tracé, avant de descendre sur le hameau de Gittamelon.
Il fait très chaud dans cette vallée et les quelques points d'eau que nous rencontrons sont plus que les bienvenues. Boire de l'eau fraîche à la fontaine est, dans ces moments là, un vrai bonheur.
Nous entamons ensuite une remontée assez agréable mais où le soleil est décidément bien présent. Christophe caracole toujours loin devant, nous cheminons ensuite à notre allure. Nous atteignons d'abords un premier petit sommet où se dresse une croix, la croix d'Argentière, avant de rejoindre le col du Châtelard. La fatigue commence à être bien présente, nos pieds souffrent aussi de l'humidité de certains passages. Nos plantes de pieds sont toutes fripées.
Après encore une traversée sur un plateau d'altitude très sauvage et minéral, dominés par le vol de vautours très haut dans le ciel bleu, où nous marchons sur des schistes d'une très étrange couleur violette, nous arrivons enfin au col du Bonnet du Prêtre.
La descente vers Deux Nants se fait par un chemin de plus en plus étroit et envahit par l'herbe. Auparavant nous avions dévalé le dernier gros névé de notre parcours, tout en haut du col.
Je descends en compagnie de Christophe jusqu'à la vallée et les premiers hameaux, où nous attendons Philippe et Daniel. Le hameau de la Sauce est très typique et joli, celui de Deux Nants également.
Au gîte, nous nous attablons devant des rafraîchissements plus que mérités. Il est déjà 16 heures et il nous reste encore un peu de chemin.
La montée n'est pas aussi difficile que nous l'avaient dit les propriétaires du gîtes. Le chemin est meilleur qu'à la descente. L'endroit est bucolique. La floraison est superbe. Nous gagnons rapidement les chalets d'Orgentil, puis croisons un immense troupeau de vaches. Les toutous présents ne font pas d'histoire.
Par contre, à cet endroit là, nous nous sommes laissés distraire et avons pris une mauvaise direction. Le sentier pour le col du Gollet, que nous devions prendre, n'est guère indiqué ni visible. Las, nous attaquons les pentes du col des Bonnets, ce qui raccourcit notre parcours mais nous fait grimper 200 mètres plus haut. Parvenu en haut, il ne nous reste plus qu'à descendre par les pistes et quelques sentiers vers la station de Valmorel. Je trouve cette descente un peu plus agréable que celle de la veille vers Val Thorens mais Philippe pense l'inverse. Question de fatigue sans doute.
Toujours est il que nous sommes bien content de retrouver le confort d'un hôtel et d'un vrai lit qui nous fera du bien après une semaine en refuge. C'est aussi l'occasion de reconnecter nos appareils électriques et par là même de retrouver réseau et connexion... Le repas est agréable, nous nous sentons bien détendus et comme la dernière étape s'annonce moins longue, c'est un peu un parfum de fin d'aventure qui nous envahit.
DIMANCHE 14 JUILLET.
VALMOREL/FEYSSONNET.
35 kms et 1200m positifs.
Le petit-déjeuner ce matin était agrémenté de croissants et de pas mal de bonnes choses. De quoi bien nous mettre en train pour affronter cette dernière journée sur le Grand Tour de Tarentaise. Nous prenons un peu plus notre temps pour partir, et c'est vers 8h15 que nous retrouvons le chemin.
Nous quittons sans encombre Valmorel pour retrouver un chemin forestier qui doit nous conduire vers le logis des fées, où j'étais déjà passé, en compagnie de Philippe, deux ans plus tôt, sur le Tour de la Lauzière. C'est d'ailleurs à de beaux panoramas sur ce massif que nous invite notre balade matinale.
Là encore, le chemin est assez mal indiqué et ce n'est pas par l'itinéraire prévu sur le topo que nous arrivons au logis, après être passé par le joli village de Cellier.
Au logis, pas de fées (il parait qu'en fait, cela désignait des chèvres en vieux savoyard, mais pas de chèvres non plus, d'ailleurs), c'est malheureusement toujours comme ça avec les fées, seulement des bières et le gardien du refuge avec qui nous entamons la conversation.
Après ce moment bien sympathique sur une terrasse gorgée de soleil, nous reprenons notre marche par un sentier qui descend en balcon en frôlant de nombreux paravalanches plutôt impressionnants.
Au hameau suivant, nous avons à nouveau du mal à trouver notre chemin. Un habitant nous indique bien la direction tout en nous disant bien que le sentier n'est plus entretenu depuis belle lurette.
Il a raison; nous nous enfonçons, en surplomb d'un torrent, dans une espèce de jungle épaisse. C'est assez encaissé, un peu exposé et on ne voit guère on l'on met les pieds. En prime, séance de piqûre d'orties garantie. De quoi nous réveiller...
Nous finissons par traverser, à gué si l'on peut dire, le torrent et grimpons à quatre pattes ou presque, sur une pente très forte et herbeuse, pour gagner la piste de l'autre côte. Cette zone devra être bien réaménagée pour permettre le passage de randonneurs car là ça ressemble plus à un parcours du combattant qu'autre chose.
La suite est plus simple; nous retrouvons un bon sentier jusqu'à Bonneval, où nous nous accordons, devant l'ancien four à pain communal, à l'ombre, une dernière pause déjeuner. Il fait bon s'y reposer et déguster la bouteille de vin blanc que nous avait offert Alberto. Nous discutons avec le seul habitant permanent du village, devant une jolie chapelle. Il ne nous reste qu'une petite dizaine de kilomètres à parcourir.
Il fait vraiment très chaud maintenant, surtout à mesure que nous descendons. Heureusement le chemin est le plus souvent ombragé. Une belle forêt, de grands arbres veillent sur nos derniers pas.
Parvenu au village de Pussy nous trouvons un très beau sentier muletier creusé dans la falaise qui nous conduit jusqu'en bas de la vallée, vers Feyssonnet. C'est la fin de notre parcours.
Nous marchons un instant sur la route avant que Philippe et moi-même trouvions une voiture, deux dames qui nous conduisent gentiment à Petit-Cœur où nous pouvons retrouver la voiture laissée là une semaine plus tôt.
Un peu plus tard, c'est autour d'une bonne pizza sur la place d'Aix-les-Bains que Christophe et moi entamons notre récupération après ce Grand Tour de Tarentaise qui porte bien son qualificatif de grand. Un vrai trek de montagne comme je n'en avais jamais pratiqué dans les Alpes française et qui a les moyens, avec quelques aménagements, d'attirer de nombreux amoureux de la montagne sur ses sentiers. Cette reconnaissance avait en tous cas un vrai parfum d'aventure que nous n'oublierons pas!