Drame - 1h30
Sortie salles France - 10 juillet 2013
avec Souleymane Démé, Anaïs Monory, Cyril Gueï....
Grigris a 25 ans, une jambe paralysée et un avenir qu'il rêve dans le milieu de la danse. Alors qu'il passe ses nuits à danser dans des boîtes de nuit, payé selon le bon vouloir du proprio de l'établissement et de son mentor, il ne laisse pas indifférente la belle Mimi, une métisse qui elle, rêve de mannequinat, mais gagne sa croûte en se prostituant. Mais quand son père adoptif tombe malade, il se doit de trouver l'argent nécessaires à ses soins. Son job nocturne ne suffit plus. Il veut se lancer comme d'autres dans le lucratif trafic d'essence, à ses risques et périls.L'affiche est colorée, dansante, souriante, mais la gravité du regard de Grigris nous avertit. C'est un film assez noir, violent aussi, avec une histoire sombre dans l'Afrique d'aujourd'hui. Mais le réalisateur a su le faire traverser de certains rayons de soleil, des scènes en suspense, une apparition de femme sublime, des perles de tendresse, une histoire d'amour improbable à la Casimodo et Esmeralda.
La scène finale me restera en mémoire, celle du meurtre de l'homme qui pourchassait Grigris, complètement stylisée, rendue irréelle et non violente presque, avec ses femmes qui manient les bâtons comme si elles pilaient le mil, avec élégance et régularité, sans presque de brutalité. Et sans coupable puisqu'elles l'ont fait dans la collectivité.
J'ai beaucoup aimé aussi et surtout celle où Grigris jette des pétales de fleurs depuis le pont vers sa mère qui lave le linge en bas, à la rivière. On voit dans ce film une image de la femme et de la mère qui est très respectée, très affectionnée par le réalisateur. Celui ci n'a pas hésité à mettre les pieds dans le plat, à évoquer de nombreux tabous, celui du handicap, de la prostitution, de la non croyance, de la place des femmes, du monde de la nuit, dans une Afrique sahélienne largement islamisée.
Après Daratt - Saison sèche sorti en 2007, Grigris est un film réussi de Mahamat Saleh Haroun, une pépite du cinéma africain toujours rare sur nos écrans. Emouvant et terrifiant.
L'avis de JP Frodon - Slate.fr