Auteur affectionnant sans complexe la thématique gay, Hugues Barthe a mis du temps à accoucher de ce roman graphique, encore plus intime, encore plus violent, et pourtant jamais plaintif. Cette nouvelle page autobiographique procède de son analyse intime, profonde et explique son destin de dessinateur.
Suite de l’Été 79, publié deux ans auparavant, cet album de 140 pages relate la jeunesse de l’auteur, ses relations avec sa mère battue par son père alcoolique, sa fuite dans la lecture et le dessin, mais aussi sa grande solitude dans son petit village de l’Est ou réfugié chez sa tante à Besançon. On vivra son déclic pour un certain genre de bande dessinée, lors d’un atelier animé par Edmond Baudoin, « l’un des premiers auteurs de bande dessinée à se mettre lui-même en scène ». Et sa véritable métamorphose au moment du cancer de sa mère.
Cet opus expose sans détour son auteur avec cette introspection sans fard. Avec ses pensées contradictoires, ses doutes, son imaginaire, son abattement et ses ressources. L’auteur y parle autant de violence conjugale, finalement excusée par tous y compris la victime elle-même, que des drames du cancer ou du vécu d’un jeune gay dans un environnement rural. Mais ce livre parle aussi du dessin. La référence et la retranscription du tableau « L’Enfant Jésus retrouvé au Temple » de Philippe de Champaigne en donnent par exemple une belle leçon. Son style graphique particulièrement sobre s’envole par moment avec les divagations de son esprit et contribue à toucher davantage.
Un joli travail authentique et attachant.