Leonardo ne sortira pas grandi de son passage à Paris. Comme joueur, il n'y était resté qu'une saison, une parenthèse avant d'aller monnayer ses talents à Milan. Mais curieusement, le public parisien, pourtant à cheval sur le respect du maillot, ne lui en avait pas tenu rigueur. Pensez-donc, qui aurait bien pu en vouloir à ce gendre idéal à la mode brésilienne, éternelle coupe de cheveux de premier communiant, sourire en bandoulière et pouce levé en guise de signature ? Personne, d'autant que son dernier et pour ainsi dire seul match abouti sous les couleurs parisiennes avait permis au club de passer un tour préliminaire de Ligue des champions 1997 bien mal engagé, avec une victoire 5-0 face à Bucarest au Parc des Princes après une défaite sur tapis vert 3-0 au match aller en Roumanie…
Alors évidemment, quand les qataris l'ont pris dans leurs filets dorés pour en faire la tête de gondole de leur grand dessein parisien, les nouveaux proprios l'ont joué retour de l'enfant prodige. Mais si miracle il y eut dans le recrutement des années Léo, c'est plus la manne financière venue du Golfe que ses talents intrinsèques de directeur sportif qui lui ont permis d'attirer sous la Tour Eiffel les Pastore, Ibra, Silva, Motta et consorts. Certes, l'ambitieux Léo connaissait bien la série A, mais ni plus ni moins que d'autres qui, disposant du même portefeuille, auraient sans doute fait aussi bien. Surtout, alors que les qataris cherchaient à séduire sans faire de vague, Leonardo a fait preuve d'un étonnant manque de sang froid - et d'humilité ? -, qui n'a pas contribué à améliorer l'image du club parisien. Tapant tour à tour sur l'arbitrage, le manque de préparation des joueurs français, le niveau médiocre de la Ligue 1 et de certains de ses pensionnaires, "salauds de pauvres" contre qui son équipe, taillée pour la Ligue des Champions, s'emmêlait les pinceaux, le gentil Léo brûlait tous ses vaisseaux.
Jusqu'à la farce finale, ce minable coup d'épaule contre l'arbitre, certes affreusement mauvais, du match face à Valenciennes… Leonardo aurait pu faire amende honorable, en invoquant la pression qui pesait sur lui alors que les derniers points assurant le titre à Paris tardaient à tomber, mais non. Léo n'a même pas assumé son geste, ajoutant la lâcheté à la bêtise en voulant faire croire à un mouvement involontaire, attitude qui a sans doute pesé lourd dans la durée de sa suspension. Alors oui, en septembre, Leonardo, que ses employeurs auraient très bien pu licencier pour cette dernière fausse note, quittera Paris. Sans doute connaît-il déjà sa prochaine destination. Sans doute même, son travail de sergent recruteur pour les qataris contribuera t-il à étoffer un CV déjà bien rempli. Mais pour la classe et l'humilité, on repassera. Ça tombe bien, ce sont deux vertus dont on peut de nos jours facilement faire l'économie pour réussir dans le football business.