Souvent, on me demande pourquoi je
voyage plusieurs mois par an. Certains partent sur les traces de Jack
Kerouac ou de Gengis Khan. D'autres font le tour du monde des spots
de plongée. D'autres s'essaient à la vie d'ermite (réf. Sylvain
Tesson, dans une baraque au bord du lac Baïkal). D'autres encore
s'aventurent dans l'humanitaire ou s'investissent dans le très à la
mode woofing. De mon côté, rien d'aussi exceptionnel : je
marche, pédale, rame, monte à dos de mulet, dromadaire ou éléphant,
parcours des milliers de kilomètres en cars, jeeps, taxis,
rickshaws, pirogues, trains, scooters, ferrys et tous autres moyens
de transport usités dans les contrées traversées. Aucun réel
autre but que d'expérimenter. Expérimenter notamment l'errance, celle décrite par Raymond
Depardon comme une quête d'un lieu acceptable qui deviendrait une
quête du moi acceptable.