Des millions d’enfants dans le monde vivent dans les rues. Cette méta-analyse de l’Université de l’Indiana, de 50 études sur la toxicomanie, conclut à un usage de drogues, courant, élevé et durable, chez ces enfants de 22 pays pauvres, ce qui constitue une véritable urgence de santé mondiale, actuelle et pour l’avenir. Ces conclusions, présentées dans l’édition du 12 juillet de la revue Addiction, éclairent sur les causes et les conséquences sanitaires de la consommation de drogues chez ces enfants et appellent non seulement à de nouvelles recherches mais aussi à la prise de conscience et à de sérieuses actions de prévention.
Une toxicomanie chez ces enfants des rues très répandue mais largement ignorée, commente le Pr Paula Braitstein, professeur agrégé de recherche médicale à l’Indiana University School of Medicine. « Ces enfants sont souvent mal nourris, ont des graves problèmes de santé et n’ont pas accès à l’éducation. C’est un énorme problème de santé publique, en termes de besoins futurs en soins de santé et d’intégration sociale ».
Une prévalence de l’usage de drogues qui peut atteindre 92% : La prévalence de l’usage de drogues varie considérablement, tout comme la durée de la toxicomanie. Ainsi, en Afrique, la prévalence de la toxicomanie à vie varie de 14% au Nigeria à 74% au Kenya. En Amérique du sud, de 40% au Brésil à 92% au Honduras et en Asie, de 48% en Thaïlande à 81% en Inde (Voir carte ci-contre).
Les substances les plus couramment utilisées par les enfants des rues sont la colle, l’acétone, l’essence, le diluant pour peinture, suivies par le tabac, l’alcool et le cannabis. Soit, des produits chimiques inhalables, car moins couteux et plus faciles à obtenir qui sont associés à des effets secondaires graves, comme des troubles cognitifs et neurologiques, une dépendance psychologique et physique, parfois la mort subite par arythmie cardiaque et des troubles du développement qui vont aggraver les difficultés de réinsertion dans la société. Ces mêmes types de substances sont signalés dans tous les pays. Ainsi, la méta-analyse révèle, au global, chez les enfants des rues, une prévalence de,
· 47% de l’inhalation de substances chimiques,
· 44% du tabagisme,
· 41% de la consommation d’alcool,
· 31% du cannabis,
· 7% de la cocaïne.
Les causes de cet usage élevé et prolongé restent encore mal connues, en particulier pour l’usage chez les filles, même si un lien est cependant mis à jour avec les relations sexuelles sous l’influence de drogues et les comportements sexuels à risque. 3 des études font la relation entre des comportements sexuels à risque en association avec la consommation de substances. Au Soudan, une enquête révèle que les enfants qui acceptent des rapports sexuels reçoivent alors de la colle. Au Pakistan, 30% des enfants de sexe masculin déclarent également des relations sexuelles en échange de drogue, dont 71% de ces relations commises avec des étrangers. Les enfants usagers de drogues sont globalement 3,4 fois plus susceptibles d’avoir échangé des faveurs sexuelles pour de la nourriture, un abri, des médicaments ou de l’argent. Au Brésil, 34% auraient accepté un rapport sexuel non protégé sous l’influence de la drogue ou de l’alcool. En Inde, un enfant drogué sur 2 a été payé ou contraint à des rapports sexuels par de la drogue. …
Les problèmes de santé relevés sont sévères et nombreux, de symptômes de picotement et d’engourdissement, aux sensations de brûlure au moment d’uriner, aux plaies aux organes génitaux, maux de tête, problèmes d’estomac, dépression, troubles neurologiques…
Source: Addiction 12 JUL 2013 DOI: 10.1111/add.12252 The epidemiology of substance use among street children in resource-constrained settings: a systematic review and meta-analysis