Elle dit faire du « folk-trash ». Moi, je dirais qu’elle fait une sorte de blues, de ces chansons qui disent que ça ne va pas fort mais qui y mettent l’énergie de ceux qui ne veulent pas se laisser dériver, qui vont vers les mots sans détour. Elle dit qu'elle n'a pas de chien, pas de chat, pas de chum, mais aussi que la solitude, ça va passer. L’amour, même si on prétend avoir su d’avance que ça fait mal, on y va quand même. Cette chanson (« Avoir su »)
Avoir su que jouer avec ton coeur c'était dangereux
Comme un papillon de nuit niaiseux.
Est-ce que je t'aurais quand même sauté dessus?
J'ai beau dire avoir su, dans l'fond j'le savais déjà...
me fait penser à une autre chanson, de Jacques Brel, « Le prochain amour » :
On a beau faire, on a beau dire
Qu´un homme averti en vaut deux
On a beau faire, on a beau dire
Ça fait du bien d´être amoureux
Il y a chez cette jeune femme, née dans un village (une cinquantaine d’habitants) du Canada (Nouveau Brunswick), simplicité et richesse d’expression : une langue où se mêlent plusieurs langages (comme Câlisse-moi là), une voix dont l’amplitude semble sans limites, une musique dont les rythmes ne nous lâchent pas. Et elle parle du quotidien : des bottes Boulet et puis qu'y fait chaud, des motels et des rouspéteuses. Pas étonnant que les jeunes québécois aient repris, dans leurs manifestations en 2012, ce refrain :
P’t-être que demain ça ira mieux mais aujourd’hui ma vie c’est de la marde !
Chanson que vous pourrez entendre en cliquant sur la pochette du disque.