L'horreur !

Publié le 16 juillet 2013 par Gommette1

La langueur estivale et un thermomètre au beau fixe sont une invitation à se mettre en retrait sous un parasol. Une langueur perceptible dans la presse qui n'a pas grand-chose à se mettre sous les rotatives ou sur les ondes. Les images des peuples en révolte au Brésil, en Bulgarie, en Egypte, en Turquie... ennuient et lassent, ces clash mobs sans issu n'apportent plus suffisamment au moulin intarissable d'une presse avide de sensationnalisme : toujours les mêmes gens qui braillent, toujours les mêmes forces de l'ordre qui canardent, toujours les mêmes politiciens qui se haussent du col, toujours les mêmes analystes qui tricotent des commentaires alambiqués censés nous éclairer.

Fort heureusement, il y a les accidents de la route, d'avions ou ferroviaires aussi inopinés qu'inespérés qui chaque été viennent alimenter notre voyeurisme médiatique. Partout, loi des séries oblige, on a l'impression que les trains déraillent, les avions se crashent, les autobus rencontrent des poids lourds : une aubaine pour les caméras qui peuvent faire de beaux clichés dramatiques, et pour les micros, d'enregistrer l'émotion au bord des yeux gonflés de détresse, des rescapés, survivants ou badauds invités à raconter « l'horreur ! »

« C'était une vision de guerre, comme l'apocalypse… », racontait avant-hier avec la platitude convenue sur une chaîne télé, un jeune qui ne connaît de la guerre que les massacres sur sa console de jeu. Pour les politicrates, ces « drames de la vie » sont aussi une belle occasion de compatir devant les caméras, de prendre une mine de circonstance face à familles larmoyantes en promettant que des enquêtes rapides seraient diligentées et que les responsabilités (les coupables ?...) seraient offerts en pâture à la vindicte populaire. Trois petits tours pour le journal de 20 heures et puis s'en vont...

Dans une société battue par les vents de l'affect et par les bourrasques de l’empathie, l'actualité surabondante et proliférante doit générer des informations esthétiques et récréatives, émouvantes et catastrophiques pour tirer des larmes heureusement séchées par un écran publicitaire. Et en attendant depuis plus d’une semaine maintenant, le royal baby qui refuse toujours de sortir du nid de sa maman princesse...