Inspiré du conte Les Trois Petits Cochons, le film n’hésite pas à pousser la ressemblance jusqu’à faire vivre les 3 frères dans 3 maisons particulières : une en paille pour le plus jeune, une en bois pour le second et une en brique pour l’ainé. Le grand méchant loup étant symbolisé ici par la tentation féminine pouvant faire voler en éclat, à tout instant, n’importe quel foyer si on s’y abandonne. Le film s’apparente du coup à une sorte de fable sans toutefois le côté moralisateur qui va normalement avec, les réalisateurs ne portant jamais de jugements catégoriques sur les maris infidèles. Ce qui est plutôt une bonne chose pour pouvoir traiter de façon légère un sujet qui ne l’est pas forcément au départ. Cependant, ce parti pris risque peut-être de gêner un public féminin (manquant de second degré) qui ne verra rien de drôle dans les situations proposées. Pour ma part, j’ai plutôt bien accroché à l’histoire bien que tous les personnages ne jouissent pas d’une trajectoire aussi intéressante. Ainsi, j’avoue avoir été davantage emballé par les segments de Benoît Poelvoorde et Fred Testot que par celui de Kad Merad.
Au rayon des bons points, le film peut également se targuer de proposer une structure narrative non-linéaire qui se prête plutôt bien à l’intrigue. Les plus critiques y verront probablement une répétition dérangeante mais en ce qui me concerne, j’ai trouvé que cela insufflait au récit un certain rythme. Bien sûr, certaines séquences manquent parfois d’intérêt mais cela vient selon moi davantage de l’histoire en elle-même que réellement d’un sentiment de répétition lié au procédé narratif. Pour autant, le film n’est pas parfait dans la mesure où il souffre tout de même de quelques défauts parmi lesquels on retiendra notamment une construction de personnages féminins manquant cruellement de nuances et une inégalité dans l’intérêt des histoires des 3 frères. Qui plus est, il n’évite pas non plus certaines maladresses qui plombent parfois l’ambiance. Néanmoins, le film se laisse regarder avec plaisir et nous gratifie même de quelques scènes très réussies (village mormon, café…), la plupart grâce à Benoît Poelvoorde, toujours excellent !Pour conclure, Le Grand Méchant Loup n’est donc certainement pas la comédie française de l’année mais c’est tout de même l’une des plus agréables que j’ai pu voir jusqu’ici. Sans pour autant éviter tous les défauts, elle peut compter sur un solide casting masculin et quelques séquences très drôles pour divertir et faire rire. Bref, pas indispensable mais très plaisant !