15 juillet 2013
Il avait 20 ans quand il est venu, en soldat de l’armée américaine, combattre en France. Plus tard, il viendra étudier dans notre pays dont il apprendra la langue. Eternel jeune homme, ses toiles sont reconnaissables au premier coup d’œil, au même titre que Picasso, Claude Monet, Mondrian, Fernand Léger, Brancusi ou Matisse, des peintres qui l’inspirent.
L’exposition du centre Pompidou est sa première rétrospective en France, après avoir été montrée aux Etats-Unis et à la Tate Modern de Londres. Une façon, pour Claude et moi, après la visite récente de deux expositions Andy Warhol (à Paris et à Singapour), de mieux comprendre l’explosion du pop art qui fut la révélation des années 60, à une époque où nous étions sans doute bien trop jeunes pour l’apprécier. Car ce qui est passionnant, au regard des toiles, c’est de lire les commentaires du peintre sur ses objectifs, sa conception de l’art, cette façon toute personnelle d’apporter sa contribution à une culture vraiment populaire, et tout à fait subversive.
A la fin des années cinquante, alors que l'Amérique est encore dominée par l'expressionnisme abstrait d'un Jackson Pollock ou d'un Mark Rothko, le pop art explose sous l'impulsion d'initiatives individuelles, utilisant la culture populaire de son temps - objets ordinaires, produits de consommation, images publicitaires, symboles de l'enfance comme la bande dessinée - pour produire des œuvres d'art. Si Andy Warhol s'appuie sur l'icône de Marilyn Monroe ou sur une boîte de conserve Campbell, Lichtenstein, lui, puise son inspiration dans les comics américains - personnages stylisés, contours noirs, couleurs saturées - pour réaliser ses œuvres les plus connues comme 'Look Mickey !' (1961) ou 'Whaam !' (1963). Les œuvres de Lichtenstein sont marquées par une grande ironie à l'égard des symboles américains - héroïnes blondes au maquillage outrancier, crashs de voitures… - mais au fond, elles proclament le bonheur d’être américain.
Le tableau comme la sculpture en bronze patiné et peint, chez Lichtenstein, sont pensés comme un objet. La régularité des points qui en constituent la trame, les couleurs primaires – bleu, rouge, jaune, noir, rarement vert – la transposition de cases de BD devenues immenses, les variations sur le coup de pinceau, l’interprétation du miroir, des garde-corps style années 30 … toute sa vie, Roy Lichtenstein développe une vision cohérente, utilisant plusieurs matériaux comme supports, citant ses maîtres et ses propres œuvres, terminant par des paysages complètement zen, à la mesure de son inventivité au seuil même de sa disparition.
Surprenante, bien expliquée dans un parcours résolument chronologique, l’exposition vaut une visite, malgré la queue comme toujours pour de pareils événements … Il y a une appli qui vous permet de visionner les œuvres sur tablette, mais rien ne remplace le choc devant les formats réels et la fantastique précision de la facture …
Roy Lichtenstein au Centre Pompidou, jusqu’au 4 novembre, niveau 6, de 11 h à 21 h, fermé le mardi, 13€.