la nuit d'août

Par Vertuchou

Ô Muse ! que m'importe ou la mort ou la vie ?

J'aime, et je veux pâlir ; j'aime et je veux souffrir ;

J'aime, et pour un baiser je donne mon génie ;

J'aime, et je veux sentir sur ma joue amaigrie

Ruisseler une source impossible à tarir.

J'aime, et je veux chanter la joie et la paresse,

Ma folle expérience et mes soucis d'un jour,

Et je veux raconter et répéter sans cesse

Qu'après avoir juré de vivre sans maîtresse,

J'ai fait serment de vivre et de mourir d'amour.

Dépouille devant tous l'orgueil qui te dévore,

Cœur gonflé d'amertume et qui t'es cru fermé.

Aime, et tu renaîtras ; fais-toi fleur pour éclore.

Après avoir souffert, il faut souffrir encore ;

Il faut aimer sans cesse, après avoir aimé.

Alfred de Musset