Aujourd’hui, c’est le 14 juillet. En France, c’est jour de fête nationale, le jour où l’on ne célèbre pas la prise de la Bastille un certain 14 juillet 1789 – bien que la plupart de mes compatriotes le pensent, voire le monde entier, puisqu’il est appelé Bastille Day à l’étranger – mais la Fête de la Confédération le 14 juillet 1790. A cette Fête étaient donc édictées les bases de notre République contemporaine. C’est dommage que la mémoire populaire ait préféré privilégier le tabassage d’une prison à l’un des jours fondateurs de la République française.
Quoi qu’il en soit, et depuis 1880, nous célébrons en ce 14 juillets les valeurs de la République française. Parmi ces valeurs, l’une a été fixée par le 3e alinéa de l’article 2 de la Constitution de 1958 :
L’hymne national est La Marseillaise
Mon Dieu, qu’est-ce que ceci ?
Les circonstances de la création
Il était une fois, en avril 1792, c’était un peu le bordel en France, genre plus qu’actuellement, tu vois. Nous savons donc depuis 1789 et le dynamitage de la forteresse parisienne que le peuple est en bisbille avec son gouvernant, le roi Louis XVI. Comme il n’a plus trop de pouvoir sur le territoire et, qu’en plus, il doit mener des guerres sur les fronts extérieurs, notamment contre l’Autriche. Quelques jours donc après la déclaration de guerre, le 20 avril 1792, dans la nuit du 25 au 26, Claude Joseph Rouget de Lisle écrit Le chant de guerre pour l’Armée du Rhin, qui, comment son nom l’indique, était un chant pour remonter le moral des troupes basées à l’est. Il avouera plus tard avoir puisé dans diverses inspirations.
À force de se faire récupérer par diverses garnisons, ce chant guerrier fut chanté à la Fête de la Confédération le 14 juillet 1792 et fut décrété hymne national en 1795, en concurrence avec l’hymne de la Terreur, le Réveil du peuple. Dès 1799, l’hymne est interdit par Napoléon qui lui préfère le chant du départ. Il est de nouveau autorisé depuis 1830 et fut réinstauré hymne national en 1879. Depuis 2005, son apprentissage est obligatoire à l’école primaire. Personnellement, je l’ai appris en CM2, en 1993.
Et si la Marseillaise n’était pas mon hymne national
Si j’avais vécu sous l’Empire et la Restauration
Si on avait respecté les souhaits de Napoléon, notre hymne national serait Le chant du départ. Un autre chant écrit sous la Révolution, mais plus tardivement, en 1794. A cette période, le roi est mort et la Terreur règne. Et comme les guerres à l’extérieur ne sont toujours pas réglées, il a fallu pour remonter les troupes un chant bien hardcore. J’en veux pour preuve la fin du premier couplet :
Tremblez, ennemis de la France,
Rois ivres de sang et d’orgueil !
Le Peuple souverain s’avance ;
Tyrans descendez au cercueil.
On reproche à la Marseillaise des paroles trop guerrières, alors imaginez si Napoléon avait eu raison après tout ce temps. Et dire que certains de mes potes de fac, particulièrement admiratifs des guerres napoléoniennes, militaient pour le retour de ce chant en hymne national.
S’il ne s’était pas passé ce qu’il s’est passé en 1532
Je suis donc née dans les Côtes-du-Nord tels qu’ils s’appelaient en 1983, ce qui fait que je suis née en territoire breton avant le rattachement à la France. Sans pour autant rallier la cause des nationalistes, j’avoue que ce que l’on présente comme hymne national breton est très joli. Malgré tout, l’inspiration est galloise, puisque les paroles ont été traduites à la fin du XIXe siècle de l’hymne national de l’autre côté de la Manche par François Jaffenau, un lycéen de St-Brieuc. Depuis, il a été popularisé dans les milieux culturels bretonnants, jusqu’à devenir à l’heure actuelle un hymne pour toutes les manifestations en Bretagne et être repris par tous les artistes qui comptent dans le vieux pays de ma mère.
Quelques interprétations décalées de la Marseillaise
Serge Gainsbourg, Aux armes, et caetera
Ayant comme à son habitude fait scandale à la sortie en 1979, cette reprise reggae – à laquelle participe Rita Marley, femme de qui vous savez – a même provoqué l’ire de beaucoup de ses contemporains. Si bien qu’en 1980, suite à des menaces de parachutistes, il annule son concert à Strasbourg et invite son public à chanter avec lui La Marseillaise. Je pense, un beau moment de courage républicain.
Oberkampf
Après la version reggae plutôt coolos, voici la version keupon millésime 1984. A la manière d’un Hendrix vénère qui réinterprète l’hymne américain, les petits potaches parisiens ont décidé de se réapproprier les honneurs nationaux.
Stephane Grappelli & Django Reinhardt, Echoes of France
Pour finir, une version manouche par les maîtres du genre.
Et bonne fête de la République au son des flonflons !