Rhinocéros, éléphants, tortues ou écureuils y reposent depuis 17 millions d'années. Le site est ouvert au public tout l'été.
Le site a été découvert en 1988. Une vingtaine d'années plus tard, le bilan des fouilles est impressionnant : plus de 20.000 ossements identifiés, appartenant à 90 espèces, dont quatre inconnues jusque-là.
Les fossiles du Gers, fameux depuis le 18e siècle
Depuis le 18e siècle, le Gers est connu pour ses fossiles. Le physicien et naturaliste français René-Antoine de Réaumur avait révélé dans ses "Observations sur les mines de turquoises du Royaume" que les turquoises recueillies à Simorre étaient des dents de mammifères, plus précisément d'un animal désigné plus tard sous le nom de Mastodonte.
Le premier singe fossile connu au monde a pour sa part été exhumé en 1834 sur la commune de Sansan. Le gisement de Montréal-du-Gers - 1,5 ha dont seuls 400 m2 ont été dégagés - remonte au miocène (- 24 à - 5 millions d'années) et correspond à un ancien marécage où de nombreux animaux ont été piégés.
"L'instantané d'une vie au miocène, de la photo d'un moment de vie"
Pour un néophyte, le site apparaît comme un vaste cimetière, avec un enchevêtrement d'os englués dans la terre. En fait, il s'agit d'un "instantané d'une vie au miocène, de la photo d'un moment de vie" il y a 17 millions d'années, "quand la Gascogne était une jungle", s'émerveille Francis Duranthon, conservateur en chef et directeur du Muséum d'Histoire Naturelle de Toulouse.
HIPPOPOTAMES. Plus loin, la présence d'un fossile d'écureuil volant montre qu'il y avait de grands arbres dans la région. Amphibiens, tortues d'1,5 m de diamètre, crocodiles de 2 à 3 m de long, hippopotames, attestent de la présence d'un lac et d'une rivière, dont l'interaction aurait formé le marécage.
Les ossements d'éléphants prouvent le contact entre les blocs Eurasie et Afrique, puisque ces pachydermes viennent de ce continent... Quant aux restes de végétaux (pollens...), ils permettent de reconstituer le climat d'alors: des températures moyennes annuelles de 20° Celsius (contre 14° aujourd'hui) et des précipitations annuelles proches de 1.500 mm contre 800 de nos jours.
La faune piégée dans le sol est d'une extraordinaire diversité
Chaque saison de fouilles réserve des surprises tellement la diversité de la faune piégée dans la couche d'argile se révèle extraordinaire: plus de 50 espèces de mammifères (70 rhinocéros, 15 éléphants, cervidés, sangliers, rongeurs...), des reptiles (lézards, serpents...), des amphibiens (grenouilles, tritons...), des oiseaux, des mollusques gastéropodes (famille des escargots) terrestres et d'eau douce, etc.
PRÉDATEUR. Parmi les animaux les plus curieux figurent une sorte de gros chien, l'Hemicyon stehlini, ou un énorme prédateur ressemblant à un lion, le Megamphicyon giganteus.
Mais les scientifiques ont surtout identifié quatre espèces et genres inconnus: deux cochons, un rhinocéros, et surtout un cerf-girafe (Ampelomeryx ginsburgi), au corps de girafe et à la tête de cerf portant des bois.
Ce gisement exceptionnel bénéficie aussi de la proximité d'universités comme celles de Toulouse. Et dès cet été, les touristes plongeront 17 millions d'années en arrière grâce à des visites guidées du site, et des jeunes de 14 à 17 ans pourront, lors de stages, aider les professionnels à dégager crânes et squelettes d'animaux préhistoriques.
OL , Sciences et Avenir, 09/07/13