Tours, c'est presque Séville. Oui, vous entendez bien. C'est presque Séville. Au nord. Mais sous le soleil. Ciel bleu, au pied de la cathédrale, c'est la Giralda, les flèches gothiques, tel l'ancien minaret de la ville lumière andalouse. C'est vrai, Tours, c'est un peu Paris aussi, à cause de la grandeur de Notre Dame, à cause des cadenas des amoureux accrochés au pont de fil (les cadenas, pas les amoureux). Passerelle suspendue qui tangue dans le vent, qui enjambe la Loire, le grand fleuve. On dirait le pont des arts et la Seine.Mais, tout de même, j'insiste, vous en reprendrez un petit peu ? La Loire, la gigantesque, quand elle brille au soleil, c'est presque le Guadalquivir un matin d'hiver, et l'azur limpide du ciel qui se reflète dans le miroir de l'eau. La preuve, de l'autre côté, dans le quartier nord Paul Bert, ne sommes-nous pas un peu dans les ruelles désertes et assommées de soleil du tortueux quartier Bétis ? Langueur d'un chat qui s'étire et se faufile dans une cour fleurie, dans laquelle on pénètre en clandestin, sur la pointe des pieds, par une grille négligemment laissée entrouverte. Ensuite, on revient dans le vieux Tours par le pont Mirabeau. Et là, j'en conviens, on n'est nulle part ailleurs qu'à Tours. Maisons à colombages transpirantes d'histoire, beauté des hauts bâtiments qui encadrent la place Plum', touristes délicieusement affairés à savourer une glace sur l'une des nombreuses terrasses, promeneurs en bermudas, le guide du Routard en anglais à la main. La seule chose qu'ils ne verront pas, ce sont les détails, les gros-plans qu'on connaît par cœur, nous qui sillonnons la belle depuis l'enfance, qui avons tracé nos sentiers à force de l'arpenter. Ce qu'ils ne goûteront pas, ce sont les saveurs des bonnes adresses qu'on ne se livre qu'entre nous, égoïstes. Ce qu'ils ne sentiront pas, c'est le bien-être de l'enfant qui vient se pelotonner au cœur de la matrice.