En 1924, les frères Pelissier
quittaient le Tour de France en dénonçant auprès du journaliste Albert Londres
de l’usage de cocaïne dans le peloton. En 1966 les coureurs se mettaient en
grève pour dénoncer l’arrivée des contrôles anti-dopage (on sait ce qu’il
advint de Tom Simpson l’été suivant au pied du Mont Ventoux). La question du
dopage n’est pas nouvelle.
Depuis 1998 et la sinistre
affaire Festina le cyclisme a évolué favorablement dans ce domaine. Souvenons-nous
que cette année-là les multiples descentes de police dans les chambres d’hôtel
avaient provoqués la grève des coureurs, l’abandon d’équipes entières (dont
toutes les équipes espagnoles le même jour) et la victoire de Marco Pantani,
dont on connait le funeste destin, à la vitesse de 41,7 kilomètres heure. Ce
record sera battu l’année suivante par Lance Armstrong à 42,3 kilomètres heure
pour des Tour de près de 4 000 kilomètres (limités désormais à moins de 3 500
et qui se courent à moins de 40 kilomètres heure). En 2008, les grèves de
coureurs ne protestaient plus contre les perquisitions mais manifestaient
contre la mise dans le même panier de tous les coureurs, le raccourci du « tous
dopés ».
Si les cas de dopage sont plus
fréquents dans le cyclisme c’est bien que ce sport est le plus contrôlé.
Supprimez les radars sur les routes et vous n’observerez plus d’excès de vitesse !
Pourtant, Lance Armstrong a
reconnu s’être dopé, Jan Ulrich également. Pourtant il y a les affaires Puerto,
Rico, Vinokourov, Rasmussen. Le retour gagnant (suspect ?) de Contador en
2012 remportant le Tour d’Espagne un mois seulement après son retour de
suspension, donc sans un jour de compétition de la saison !
L’affaire Jalabert n’est pas une
surprise à proprement parler (Il faisait partie de ces équipes espagnoles de
1998 qui avaient quittés le Tour, et avait refusé de courir en France pendant
plusieurs mois pour ne pas se soumettre aux contrôles) mais à qui profite la
révélation quelques jours avant le début du Tour qu’il co-présentait pour France
Télévisions ?
Bernard Hinault a raison de
gueuler « Pourquoi on va toujours chercher dans le vélo ? Pourquoi les flacons des
années 90 (des autres sports) n'existent plus ? » Le quintuple vainqueur du Tour faisant référence aux échantillons de contrôle
anti-dopage dans le football en 1998, détruits sur instruction de la FIFA
Pour autant, il ne suffit pas d’avoir
recours à quelques artifices pour gagner des compétitions. Jalabert, par
exemple, après sa carrière cycliste s’est mis au triathlon alors qu’il ne
savait pas encore nager. Aucun produit ne permet de nager, cela s’apprend.
Cette année hélas, ne sera pas
celle d’un Tour au-delà de tous soupçons. A Ax 3 domaines, Chris Froome écrase
la course dès la première étape de montagne, tant pis pour le suspense, mais
surtout à une vitesse impressionnante, comparable aux duettistes de 2003,
Armstrong et Ulrich comme le révèle le site slate.fr .
Rebelote au Mont Ventoux le 14
juillet, où il couvre les 21 kilomètres du Mont Ventoux en 57 minutes, alors
que le record est détenu par Iban Mayo en 2004 lors du contre la montre du
Dauphiné en un peu moins de 56 minutes. (Iban Mayo, espagnol, contrôlé positif
à la testostèrone sur le giro 2007…)
Mais que l’on se rassure, Froome
n’est pas dopé, il l’a clairement dit à Gérard Holtz qui lui a posé très
clairement la question « avez-vous eu recours au dopage ? »
(Ceci est rigoureusement authentique, Holtz est un grand journaliste). Personne
n’imagine une seconde que Froome fit un aveu.
S’il est vrai qu’une des plus
retentissante affaire de dopage ne concernait pas le cyclisme mais l’athlétisme
et le record du monde de Ben Johnson sur la course la plus courte et la moins dénivelée
qui soit, il n’en est pas moins qu’il semble surprenant que la plus longue étape
de ce Tour 2013 soit une étape de montagne, s’achevant au Mont Ventoux après 242
kilomètres que le vainqueur couvre malgré tout à la vitesse de 41,7 kilomètre
heure.
Alors cette année je m’ennuie à
suivre le Tour. Outre les commentaires pénibles de Thierry Adam et Cédric
Vasseur, comme le souligne Télérama, il faut également subir les récitations de Jean-Paul Olivier sur les lieux
traversés. Les dites récitations étant précisément apprises sur le site Wikipédia !
Ce n’est pas la course qui relève
l’intérêt de la retransmission cette année. Toutes les étapes de plaine se sont
terminées au sprint (3 victoires pour Kittel, 2 pour Cavendish), à l’exception
de la 14e, Froome a écrasé de domination (suspecte ?) la
première étape des Pyrénées, le Mont Ventoux et le contre la montre du Mont
Saint Michel, et la minute qu’il a perdu sur un « coup de bordure »
sur la 12e étape n’a pas relancé le suspense. Ajoutons à cela « L’injustice
Molemma » pour que la coupe soit pleine.
Bauke Molemma, coureur hollandais
de 27 ans, 2e du général entre Froome et Contador, me semble être la révélation de ce Tour
bien qu’il soit très peu cité par la presse sportive. Espérons que la
révélation ne soit pas factice, je me souviens aussi m’être enflammé pour Oscar
Sevilla en 2001 avant que le coureur ne disparaisse dans les spirales de l’affaire
Puerto en 2006.
Pourtant j’aime ce sport, j’étais
un grand admirateur de Bernard Hinault et les contreperformances cette année de
mes chouchous Thomas Voeckler, Pierre Roland ou Thibault Pinot ne m’empêche pas
de continuer d’aimer ce sport.
Mais parfois, la lassitude me
gagne.