L’autre jour au Salève, j’ai croisé une tamarou levogyre.
Le tamarou levogyre est extrèmement rare. Si le tamarou lui-même est rare, les observateurs de la faune estiment que le levogyre l'est encore dix fois.
J’ai eu la chance d’en faire une photo assez nette.
Le tamarou vit généralement sur des montagnes plutôt coniques, or le Salève est genevois, rocheux, calcaire, escarpé mais en aucun cas conique. D’où l’énorme intérêt de cette rencontre. A ma connaissance, c’est la première fois que l’on repère un tamarou au Salève.
En première estimation, j’ai supposé qu’il venait du Môle, montagne proche du Salève et à la pente herbeuse plus régulière.
De loin, le tamarou ressemble un peu au chamois ou à l'isard pyrénéen. On distingue deux sous-espèces : Le dextrogyre (90%) et le levogyre (10%). Le tamarou est un bel exemple d’évolution darwinienne A force de tourner autour des montagnes, il a hérité, générations après générations, d’un dimorphisme des pattes. C’est assez pratique comme on l'imagine.
A noter qu’il arrive que deux indidus de chaque sous-espèce se croisent autour d’une montagne conique. La rencontre est assez curieuse à observer bien que très rare. Si on a la chance d'avoir affaire à un male et une femelle, leur progéniture va perdre ce caractère de dimorphisme longuement acquis lors de l’évolution montagnarde.
Pour les érudits, tamarou est le nom donné à cet animal dans l’Aubrac, en Savoie on appelle ça un dahu, dairi dans le Jura, darou dans les Vosges, darhut en Bourgogne, tamarro en Catalogne et Andorre, ou encore rülbi (prononcer ruèlbi) dans la partie germanophone du Valais.