Grèce : combien de temps va tenir le nouvel accord Athènes-Bruxelles ?

Publié le 14 juillet 2013 par Copeau @Contrepoints

Un accord a été signé pour sauver une nouvelle fois la Grèce, mais ses manques sont nombreux. Pourra-t-il durer ?

Par Open Europe, depuis Bruxelles.

Comme nous l’indiquions la semaine dernière sur CNBC,  un accord était toujours susceptible d’avoir lieu avec la  Grèce :

« Nous avons les élections allemandes qui arrivent en septembre et personne ne veut parler de la façon dont on va refinancer la Grèce pour les trois ou quatre prochaines années. Ils veulent donc juste planquer l’affaire sous le tapis jusqu’à la fn des élections… Ils arriveront à s’entendre mais il est clair que la Grèce est encore un fois loin derrière son programme et ce n’est qu’une question de temps avant qu’un nouveau déficit de financement fasse son apparition. ».

Un tel accord a finalement été obtenu le 8 juillet et quelques détails ont filtré durant la nuit.

Quel montant va être déboursé et quand ?

  • L’Eurozone va fournir 2,5 milliards d'euros ce mois-ci et 500 millions d'euros en octobre, tandis que les banques centrales de la zone fourniront 1,5 milliards d'euros et 500 millions d'euros selon le même planning, en libérant les bénéfices de leurs avoirs en obligations du gouvernement grec. Cela devrait donner à la Grèce suffisamment de liquidités pour couvrir les frais et rembourser les 2,2 milliards € de dette publique venant à échéance en août.
  • Le FMI tiendra une conférence plus tard dans le mois où il est prévu d’accepter la libération de la prochaine tranche de 1,8 milliards € de son plan de sauvetage.
  • Ce chèque différé de 6,8 milliards € permettra à la zone euro d’appliquer plus de conditions à la Grèce, ce qui signifie qu’ils pourraient retarder les futures tranches si la Grèce ne suit pas son programme de réformes.
  • Une fois que cette phase de refinancement sera terminée, la Grèce aura reçu environ 208 milliards € sur un total de 246 milliards € engagés.

Que doit faire la Grèce ?

  • L’accord vient avec des conditions strictes pour la Grèce (comme toujours), en particulier sur la réduction du nombre de fonctionnaires, sur laquelle la Grèce semble avoir pris beaucoup de retard. La Grèce doit mettre 12 500 fonctionnaires dans le schéma de mobilité des travailleurs dans les prochaines semaines (où ils reçoivent une rémunération réduite et sont licenciés au bout d’un an s’ils ne trouvent pas un nouveau poste).
  • Ce processus doit être doublé d’ici la fin de l’année, tandis que 15 000 d’entre eux doivent être licenciés d’ici la fin 2014.
  • La Grèce doit aussi s’atteler la réforme de son système fiscal, la lutte contre la fraude, et l’amélioration du recouvrement des arriérés d’impôts. Ceci est évidemment plus facile à dire qu’à faire et a été un objectif depuis le début, et aucun détail n’a encore été donné sur la différence de méthode cette fois-ci.
  • Le déficit de financement dans l’assurance maladie EOPYY qui s'élève à environ 1 milliards € doit être comblé. Là encore aucun détail quant à savoir comment et quand exactement ce dossier sera clos.

Questions sans réponses :

  • En plus de celles auxquelles nous faisons allusions ci-dessus, la question clé reste sans réponse, comment la Grèce va se financer une fois que le plan de sauvetage arrive à son terme ? La zone euro a déjà engagé 11 milliards € supplémentaires d’aide (probablement pas sous forme de fonds directs) en 2014 et 2015 mais il reste encore à déterminer d’où ils proviendront. Le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem a rejeté ces inquiétudes en disant, « S’il y a un déficit de financement, il aura lieu à la fin de 2014, ce qui va nous laisser largement le temps d’y faire face », déclaration qui fournit peu de consolation étant donné les retards dans le traitement des autres problèmes de la zone euro.
  • Est-ce que l’État peut vraiment faire passer toutes ces mesures avec sa mince majorité ?  Nous nous attendons à ce qu’il soit en mesure de le faire (de justesse) mais ce sera le premier véritable test pour la nouvelle coalition et nous fournira un bon baromètre sur la manière dont il se comportera dans les mois à venir.
  • Qu’adviendra-t-il à ERT, la télévision d’État fermée ? Ce n’est pas clair. Ce n'est pas important simplement pour des raisons politiques (potentiellement en exposant des divisions au sein de la coalition) mais aussi parce que les 2 600 employés pourraient fournir un grand coup d’accélérateur vers la réalisation des objectifs de réduction du nombre de fonctionnaires (ce que nous soupçonnons être la vraie raison derrière la fermeture en premier lieu).
  • Un autre aspect essentiel du récent déficit de financement a été la réticence des banques centrales à renouveler leurs avoirs en obligations grecques (réduisant ainsi le montant que la Grèce doit rembourser). Il n’est pas clair si cela a déjà été fait ou sera fait, même si les déclarations des responsables ce matin suggèrent que ce n’est pas encore finalisé.

Encore un accord dans les lignes habituelles des programmes liquidités contre réformes. Les questions sur la Grèce pèsent encore lourd, il n’est pas certain qu’ils seront capables de faire passer ces réformes du secteur public étant donné qu’ils ont échoué de nombreuses fois auparavant. Compte tenu des commentaires tièdes de la Troïka, il semble qu’eux-mêmes s'attendent bientôt à un autre déficit de financement. Pendant ce temps, la fin du plan de sauvetage approche, et la question fondamentale que la zone euro a évitée pendant un certain temps – comment financer la Grèce durant la prochaine décennie – devra être adressée.

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