14 juillet 2013
La critique de Claude :
Tout le monde se souvient de Raoul Nordling comme d’un truculent et fantasque personnage joué par Orson Welles dans le chef d’œuvre "Paris brûle-t’il ?". Le vrai Nordling, tel qu’il est montré par ses propres mémoires, exhumées 50 ans après la Libération de Paris par l'un de ses neveux, n’en est que plus surprenant.
D’abord, Nordling, en 1944, a 63 ans ; il est de santé fragile – une crise cardiaque le handicapera au moment essentiel d’aout 44 -. Ce n’est pas un diplomate de haut vol, mais un « consul marchand », homme d’affaires avant d’être diplomate. Il ne valorise pas son rôle, mais l’expose avec simplicité et naturel.
Il semble avoir été blessé par les polémiques autour de « sa trève », soulevées par les Communistes après la Libération : il ne manque pas une occasion de rappeler combien elle a été utile aux combattants de la Résistance, dépourvus d’armes lourdes, face à une armée allemande encore puissante et agressive.
Il ne cache pas ses échecs, parfois terribles, notamment quand les SS, comme à Compiègne ou à Drancy, font partir vers l’Allemagne, en violation de tout accord, des trains emportant des centaines de prisonniers politiques ou de Juifs.
Cependant, il arrache des concessions, notamment quand il a affaire à des Allemands réalistes, qui ne se font pas d’illusions sur leur avenir dans un Reich crépusculaire, et veulent se donner une image convenable pour les Alliés – c’est clairement le cas de Choltitz, qui n’a pas dû attacher le moindre crédit à l’ordre reçu de Berlin de détruire les 62 ponts de Paris -.
Au total, ce livre court et clair est attachant, et utile pour tous ceux qu’intéressent les événement de la Libération de Paris.
Raoul Nordling : Sauver Paris, Mémoires du consul de Suède - Petite Bibliothèque PAYOT, 250 p., 9,15 euros